dimanche, juin 22, 2025
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Israël face à l’Iran : Offensive existentielle ou impasse stratégique ?

Lecture critique du discours de Benyamin Netanyahou dans un contexte de confrontation régionale élargie

Au sixième jour de la confrontation directe et continue entre Israël et l’Iran, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a diffusé un communiqué affirmant que son pays subissait des « pertes douloureuses », mais que le « front intérieur reste fort et résilient ». Si cette déclaration se voulait rassurante, elle révèle aussi une inquiétude croissante : Israël est-elle engagée dans une guerre contrôlée, ou dans un engrenage hors de contrôle ?

Netanyahou ne mâche pas ses mots : Israël « contrôle le ciel de Téhéran », et mène des attaques contre « les installations nucléaires, les centres de missiles balistiques, les postes de commandement et les symboles du régime iranien ». Ce langage martial suggère une opération de grande envergure — mais quelle est la réalité au sol ?

Une guerre aux deux fronts : Gaza et l’Iran en même temps

Dans ce même discours, Netanyahou affirme la poursuite des combats « violents » dans la bande de Gaza, tout en réaffirmant deux objectifs stratégiques :

  1. Éliminer le Hamas,

  2. Ramener tous les otages, vivants ou morts.

Cette dualité de fronts — Gaza au sud, Iran à l’est — soulève une question majeure :

L’armée israélienne peut-elle soutenir durablement une double confrontation militaire de cette ampleur, sur fond de division politique interne et de pression internationale croissante ?

Le discours de la force… ou de l’incertitude ?

Les déclarations israéliennes s’inscrivent dans une stratégie de dissuasion psychologique, mais aussi de justification interne : il faut convaincre l’opinion publique que les objectifs sont clairs, atteignables, et nécessaires à la survie d’Israël. Le recours à la notion de « menaces existentielles » (nucléaire + missiles) n’est pas anodin : il permet d’ancrer l’offensive dans une logique de « guerre de salut national », au-delà des clivages partisans.

Mais à l’heure des faits, les frappes continuent de part et d’autre, et les analystes militaires internationaux (voir les rapports du RAND Institute ou du International Crisis Group) soulignent que l’Iran n’a pas perdu sa capacité de riposte, ni son réseau de relais régionaux (Hezbollah, milices irakiennes, Houthis…).

L’Iran et l’effet miroir : résister pour exister

De son côté, l’Iran a répondu par la voix de son guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, qui a rejeté catégoriquement l’appel à la reddition sans condition formulé par Donald Trump, avertissant que toute intervention américaine aurait un coût « irréparable ». Ce message est double :

  • En interne, mobiliser le peuple iranien autour du patriotisme et de la souveraineté.

  • À l’international, signaler que l’Iran n’est pas isolé, et que toute action militaire serait à haut risque.

L’Iran s’inscrit ici dans une stratégie à long terme, que certains appellent « la patience active » : tester la résilience de ses adversaires, tout en évitant une guerre totale, sauf si elle devient inévitable.

Vers une guerre régionale ouverte ?

Ce conflit survient dans un contexte géopolitique mondial tendu :

  • Les États-Unis sont déjà engagés en Ukraine,

  • L’Europe est fracturée entre soutien à Israël et préoccupations humanitaires,

  • La Russie observe et pourrait profiter de l’instabilité,

  • La Chine poursuit silencieusement ses intérêts en mer de Chine méridionale.

Alors, qui a intérêt à une escalade ? Et surtout, quelles seraient les conséquences si les hostilités se généralisaient à d’autres fronts (Liban, Irak, Yémen) ?

Conclusion : Israël à la croisée des chemins

Le discours de Netanyahou révèle bien plus qu’il ne veut l’admettre : Israël n’est pas seulement dans une guerre militaire, mais dans une bataille narrative. Une bataille pour convaincre ses citoyens, ses alliés, et ses adversaires que cette guerre est légitime, gagnable et stratégique.

Mais dans une région en mutation, face à un Iran endurant et à un monde multipolaire divisé, Israël risque de découvrir que toutes les « victoires » ne sont pas durables, et que la véritable sécurité ne passe pas toujours par la supériorité militaire.

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