Dans une tribune bouleversante, l’intellectuel et homme d’affaires jordanien Talal Abu-Ghazaleh dresse un réquisitoire implacable contre l’ordre mondial, mettant en lumière l’hypocrisie d’un système international qui se targue de défendre les droits humains tout en fermant les yeux — voire en soutenant activement — ce qu’il qualifie de « massacre permanent » à Gaza.
Loin de toute langue diplomatique édulcorée, Abu-Ghazaleh accuse sans détour : les valeurs occidentales s’effondrent au premier barrage de l’armée israélienne. Il observe une contradiction flagrante entre les principes proclamés par les grandes puissances — dignité, justice, état de droit — et la réalité d’un soutien militaire, politique et financier à un régime d’occupation poursuivant sa campagne de destruction en toute impunité.
Une lecture qui pousse à la réflexion : hypocrisie, duplicité et faillite morale
En analysant cette tribune, on perçoit la volonté de l’auteur de démasquer le double discours occidental, qui criminalise la solidarité avec Gaza tout en armant les agresseurs. Abu-Ghazaleh interroge :
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Le silence complice de la communauté internationale n’est-il pas un acte d’adhésion déguisé ?
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Le financement conditionné des ONG n’est-il pas une forme de censure politique ?
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Peut-on encore parler de neutralité quand l’aide humanitaire devient un levier de domination ?
L’auteur dénonce également la répression de la solidarité au sein même des sociétés occidentales. Exprimer de la compassion envers Gaza devient une faute, un motif de licenciement, voire de poursuite. L’espace démocratique est ainsi dévoyé au profit d’un narratif unique qui justifie l’injustifiable.
Une crise humanitaire ignorée : Gaza, symbole d’une faillite collective
Abu-Ghazaleh décrit une catastrophe humanitaire d’une ampleur inédite : 90 % de la population sans sécurité alimentaire, des enfants mourant en silence, une eau empoisonnée, des hôpitaux hors service, des écoles réduites à des ruines, et un silence glaçant des institutions internationales.
Il conclut sur une mise en garde lourde de sens : le silence d’aujourd’hui est la honte de demain, car aucun compromis ne pourra effacer le sang versé ni légitimer l’abandon d’un peuple.
Voici le texte intégral de Talal Abu-Ghazaleh :
Gaza fait face à la famine et à l’abandon
Le discours occidental sur les droits de l’homme s’effondre au premier point de contrôle militaire de l’armée d’occupation dans la bande de Gaza. Les slogans retentissants et les principes polis que les capitales occidentales brandissent se heurtent au mur du sang, des cendres, du blocus et du soutien honteux à une entité qui ne cesse de tuer.
Alors que les grandes puissances parlent de dignité, de justice et de primauté du droit, elles continuent d’envoyer des cargaisons d’armes à l’entité sioniste, ignorant les rapports de terrain qui documentent précisément la chute des enfants, étouffés sous les décombres des maisons bombardées avec des armes interdites.
Gaza, meurtrie, est devenue une ville fantôme : la mort y est quotidienne, les infrastructures totalement détruites, les hôpitaux hors service, les écoles en ruine, les conduites d’eau explosées, l’électricité absente. Tout cela se déroule sous les yeux d’un monde non seulement silencieux, mais qui fournit aux assassins des justifications et un soutien politique et financier, s’interrogeant avec insolence sur les causes de la colère palestinienne.
Washington a plusieurs fois utilisé son droit de veto pour bloquer des résolutions appelant simplement à un cessez-le-feu. Est-ce là de la légitime défense, ou bien une participation active au massacre ? Existe-t-il, en éthique ou en politique, une justification à un tel parti pris en faveur d’un occupant impitoyable ?
Parallèlement, les organisations de la société civile subissent des pressions étouffantes de la part des bailleurs de fonds occidentaux, qui leur imposent de se taire sur l’entité sioniste et même de condamner toute résistance à l’occupation. Ceux qui refusent voient leurs financements gelés, leurs activités menacées. Pendant ce temps, les voix occidentales solidaires de Gaza sont réduites au silence sous prétexte d’antisémitisme, et exprimer son refus devient un crime, un simple “like” peut entraîner un licenciement ou des poursuites.
Gaza sombre aujourd’hui dans une catastrophe humanitaire indescriptible. 90 % de la population n’a pas de sécurité alimentaire, des centaines de milliers sont au bord de la famine, des enfants meurent en silence, l’eau est contaminée, les médicaments interdits, les frontières fermées, et l’aide humanitaire est utilisée comme une arme pour affamer et soumettre la population, tandis que les institutions internationales se contentent de condamnations de façade, comme si elles n’étaient concernées que par les apparences d’une neutralité glaciale.
Ce qui se passe n’est pas une crise passagère, mais un scandale moral total, une épreuve pour une justice internationale qui a toujours échoué en Palestine. C’est un moment de chute collective pour un système prétendant protéger les droits humains tout en permettant à l’assassin d’agir en toute impunité.
Ceux qui se taisent aujourd’hui sur ce qui se passe à Gaza se retrouveront demain face à leur propre reflet souillé par la honte, car aucun compromis ne peut laver le sang, aucune “raison d’État” ne peut justifier cette destruction totale.