Une fois de plus, Ali Anouzla revient dans ses écrits sur le conflit entre héritiers au sein de la Zaouia Boudchichia, la plus grande zaouia soufie du Maroc, en s’appuyant sur des reportages qui mentionnent l’ouverture d’une enquête judiciaire sur des soupçons de fraude financière et de transferts massifs, ainsi que sur des biens immobiliers et des fermes. Dans son texte, l’auteur précise que le cœur du conflit est un litige autour de l’héritage financier, et non spirituel.
Cela soulève des questions implicites pour le lecteur : pourquoi certaines zaouias spirituelles deviennent-elles des terrains de conflits financiers ? Quel rôle la surveillance institutionnelle pourrait-elle jouer dans ce contexte ? Et comment comprendre l’équilibre entre la dimension spirituelle de la zaouia et la réalité financière qui se cache derrière ?
Ali Anouzla souligne ensuite le double discours officiel de la zaouia : la revendication de spiritualité face à la réalité financière. Selon son texte, la zaouia serait devenue une sorte de « société familiale », possédant des comptes bancaires au Maroc et à l’étranger, ainsi que des résidences luxueuses financées par les contributions des disciples. L’analyse met en lumière une question clé : comment les disciples peuvent-ils concilier leur confiance dans l’institution spirituelle avec la prise de conscience de cette réalité financière ? Quel est le rôle de la société civile et de l’État dans le suivi des activités de ces institutions ?
L’auteur évoque ensuite la dimension économique, utilisant la métaphore de la « société spirituelle » pour décrire la zaouia comme une entreprise : un capital important, des clients fidèles, et des rituels servant à gérer ces ressources financières. Cette analyse pose des interrogations : dans quelle mesure les rituels et les repas communautaires peuvent-ils être utilisés pour générer des richesses, et qui en sont les véritables bénéficiaires ?
En ce qui concerne la dimension politique et sociale, le texte indique que la zaouia fonctionne également comme une secte exerçant des rôles implicites dans la société et la politique, à travers la loyauté envers les cheikhs et les interactions avec le pouvoir, influençant ainsi les pauvres et la communauté locale. L’analyse soulève une question importante : comment comprendre la relation entre ces zaouias et l’autorité, et quel est leur impact sur la société locale ?
Le scandale des transferts financiers entre les héritiers, tel que décrit par Ali Anouzla, est un exemple des conflits financiers internes, révélant des dimensions plus larges impliquant argent, influence et pouvoir. Le texte attire l’attention sur l’écart significatif entre la vie des disciples et celle des dirigeants de la zaouia. L’analyse soulève ici la question de la capacité des lois et des institutions de contrôle à réguler cette réalité complexe.
Enfin, le texte conclut que les zaouias recevant des contributions financières ou s’alimentant des dons des disciples représentent un modèle nécessitant une réflexion sur les relations entre religion, argent et pouvoir, sans qu’aucun jugement judiciaire ou accusation directe ne soit formulé. La question finale laissée au lecteur est : ces institutions peuvent-elles évoluer vers davantage de transparence et de responsabilité, ou l’influence sociale et économique continuera-t-elle à être exercée de cette manière ?