À l’approche des prochaines élections législatives, les déclarations de Hind El Aidi, présidente de l’association Joud pour l’accompagnement des personnes sans abri, ont mis en lumière le débat autour de l’utilisation de l’action caritative dans le climat politique marocain.
Dans une vidéo publiée sur la page officielle de son association, El Aidi a affirmé que l’association fonctionne depuis sa création en 2015 de manière indépendante, sans aucune affiliation politique, et que son objectif principal est de fournir un hébergement et des opportunités d’emploi aux sans-abri, insistant sur le fait qu’elle « ne croit pas au travail politique dans ce pays, mais en Dieu, la patrie et le Roi ».
Les faits et les risques de confusion
El Aidi a expliqué qu’une autre association portant le même nom, liée au Rassemblement National des Indépendants (RNI), avait été active pendant la pandémie de COVID-19 dans la distribution de denrées alimentaires de manière similaire. Ce chevauchement a provoqué une confusion au sein de l’opinion publique, certains bénéficiaires pensant à tort être liés à l’activité politique du parti, ce qui a eu un impact négatif sur l’image de l’association originale.
Certaines médias ont également contribué à approfondir cette confusion, en utilisant le logo de l’association Joud originale dans des reportages parlant de « l’association d’Akhannouch », ce qui souligne l’importance de la vérification journalistique et de la distinction entre action civique et politique dans le traitement de l’information.
Contradictions dans le discours et les politiques
Ce débat met en lumière une question plus large concernant les mécanismes de transparence dans le travail associatif et politique. Alors que le parti au pouvoir promeut ses programmes sociaux, le chevauchement entre associations indépendantes et celles affiliées au parti soulève des interrogations sur les limites entre action civile, caritative et politique électorale.
Des experts politiques et économiques estiment que l’utilisation des œuvres caritatives comme outil de promotion politique n’est pas un phénomène local mais une pratique répétée au niveau international. Cela met en évidence l’importance de cadres réglementaires clairs pour le financement et la dénomination des associations, afin de protéger les organisations indépendantes contre toute confusion ou exploitation politique.
Dimensions institutionnelles et électorales
Ce débat survient alors que le Rassemblement National des Indépendants fait face à des critiques liées à des questions de conflits d’intérêts, ce qui accentue la sensibilité du sujet et souligne la nécessité de mécanismes protégeant la crédibilité des associations indépendantes auprès du public, garantissant que leurs activités ne soient pas liées à l’action partisane.
Conclusion analytique
Les faits indiquent que l’association originale n’a reçu aucun financement d’un parti politique ou d’une institution publique, reposant uniquement sur les contributions de bénévoles et de donateurs. Cependant, le défi demeure de maintenir la confiance du public face à la duplication des noms et à des pratiques similaires, en particulier en période électorale.
La question plus large reste posée : comment les politiques et les institutions civiles peuvent-elles préserver leur indépendance et leur crédibilité dans un environnement politique complexe ? La réponse exige une révision des cadres réglementaires et de contrôle, ainsi que la mise en place de mécanismes clairs séparant action civile et politique, afin de protéger les associations indépendantes contre toute confusion ou exploitation potentielle.