Dans un paysage politique où l’urgence de rapprocher les citoyens de leurs représentants n’a jamais été aussi pressante, les médias jouent un rôle crucial de passerelle, garants d’une information fiable et d’un débat public éclairé. Mais que se passe-t-il lorsque cette mission se heurte à des méthodes jugées superficielles par ceux-là mêmes qu’elles entendent évaluer ? C’est le cœur du vif échange qui a opposé, ces derniers jours, le secrétaire général du Mouvement Populaire et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzine, au journaliste Taoufik Bouachrine.
Tout est parti d’un « exercice » imaginé par Bouachrine : un baromètre censé mesurer la crédibilité et la fiabilité des chefs de partis auprès des citoyens. L’initiative, qui se voulait innovante, a suscité chez Ouzzine une réaction sans détour.
Dans un tweet au ton mesuré mais ferme, le leader politique a exprimé sa surprise face à ce qu’il a qualifié de manque de profondeur analytique, reprochant au journaliste — pourtant réputé pour ses analyses fines et ses lectures fouillées — de s’être aventuré sur le terrain des jugements hâtifs et des classements approximatifs.
Au cœur de sa réponse, Ouzzine pose deux principes. Le premier : la primauté du respect de la vie privée. Il rappelle que la divulgation de conversations personnelles, notamment entre amis ou proches, constitue une infraction punie par la loi, et que ce manquement mérite, selon lui, bien plus d’attention qu’un sondage improvisé sur la crédibilité des responsables politiques.
Le second : la nécessité de briser l’image stéréotypée du politique « déconnecté ». « Je suis Marocain comme les autres », affirme-t-il, soulignant que ses responsabilités ne l’ont jamais coupé de son humanité. Comme tout citoyen, il parle la langue du peuple, rit, se met en colère, danse ou pleure.
Pour illustrer sa proximité avec la société, Ouzzine rappelle que nombre de familles marocaines lui ont confié l’éducation de leurs enfants, et que ces derniers, aujourd’hui diplômés des plus grandes universités américaines et européennes, témoignent de l’efficacité et de l’impact durable de son action publique.
Si la critique est claire, le ton reste empreint de respect. Ouzzine affirme son estime pour Bouachrine et sa famille, tout en invitant à dépasser les insinuations jugées réductrices.
Au-delà de cet épisode, l’affaire met en lumière une tension récurrente dans la vie publique marocaine : où s’arrête le droit — et le devoir — d’informer, et où commence le respect dû à la personne publique ? Faut-il se contenter d’instantanés médiatiques pour juger de la crédibilité d’un responsable politique, ou bien engager un examen plus fouillé, inscrit dans un cadre à la fois juridique et humain ?
Une chose est certaine : le dialogue entre journalistes et responsables politiques n’est pas un luxe, mais une nécessité démocratique. Encore faut-il qu’il se déploie avec la rigueur, l’équité et la profondeur qui seules peuvent consolider la confiance et nourrir un débat public digne de ce nom.