Dans une décision qui a suscité un large débat au Maroc, le parquet a placé sous contrôle judiciaire la militante des droits humains Ibtissam Lachkar, après la publication d’une photo sur la plateforme « X » (anciennement Twitter) la montrant portant un t-shirt avec une inscription jugée offensante envers la divinité, accompagnée d’un post considéré comme une insulte à l’islam.
Contexte de l’affaire
Ibtissam Lachkar, connue pour son engagement dans la défense des libertés individuelles et des droits des femmes, a publié fin juillet 2025 une photo sur son compte « X », la montrant portant un t-shirt sur lequel est écrit le mot « Dieu » en arabe, suivi d’une expression jugée insultante en anglais. Cette image a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, certains appelant à son arrestation. Lachkar a, pour sa part, affirmé avoir reçu des menaces de viol et de mort suite à cette publication.
Réactions juridiques et des droits humains
Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête, précisant dans un communiqué que la personne concernée était placée sous contrôle judiciaire, et que des mesures juridiques appropriées seraient prises à l’issue des investigations. Le Code pénal marocain, notamment l’article 267, sanctionne l’outrage à l’islam, avec des peines allant de six mois à deux ans d’emprisonnement, assorties d’amendes, la peine pouvant aller jusqu’à cinq ans en cas d’outrage commis par voie publique.
Par ailleurs, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a exprimé son inquiétude face à l’arrestation de Lachkar, estimant qu’elle constitue une atteinte à la liberté d’expression. L’ancien ministre de la Justice, Mustapha Ramid, a quant à lui affirmé dans un post Facebook que « l’insulte aux sacralités religieuses n’est pas une déclaration incidente, mais un acte délibéré », insistant sur la nécessité d’appliquer la loi dans ce contexte.
Débat au sein de la société
Cette affaire a profondément divisé la société marocaine. Si certains considèrent que l’acte de Lachkar relève de la liberté d’expression et d’opinion, d’autres y voient une atteinte aux sacralités religieuses. Le chercheur universitaire et ancien ministre Khalid Essamadi a estimé que « la position adoptée face au comportement d’Ibtissam Lachkar n’est pas une répression de la liberté d’expression, mais un appel à l’application des dispositions légales contre quiconque cherche délibérément à semer la discorde ». Quant à Abdelrazak Bougnebou, ancien président de la Ligue marocaine des droits de l’homme, il a souligné que « la liberté a des limites, notamment lorsqu’elle touche ce qui est partagé au sein d’une société marocaine musulmane ».
Conclusion
L’affaire Ibtissam Lachkar reste un point de discussion intense entre la liberté d’expression et la protection des sacralités religieuses. Tandis que certains insistent sur le respect de la liberté d’opinion, d’autres affirment qu’il existe des limites à ne pas franchir. La société marocaine, avec sa diversité culturelle et religieuse, est appelée à engager un dialogue et à rechercher un consensus afin de préserver les droits tout en respectant les valeurs.



