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Dans le piège des grands récits : Younes El Meskini et la critique de l’État sans projet

Dans son article daté du 26 juin 2025, Younes El Meskini ne décrit pas une journée ordinaire au Maroc. Il construit un « texte interprétatif » qui condense la triple crise marocaine : crise de l’université, crise de la Constitution et crise de l’identité. Mais ce qui semble être une réflexion philosophique profonde dissimule en réalité un discours critique radical, allant au-delà du simple diagnostic des défaillances visibles pour remettre en question, de manière implicite, les fondements mêmes de la légitimité institutionnelle.

فخ الهويات ومأزق الإصلاح

Il ne se limite pas à critiquer les politiques ou les textes, mais suggère l’échec du modèle dans son ensemble, sans offrir d’alternative claire ou de projet réformateur réaliste.

1. L’État dans la ligne de mire du doute méthodique : En qualifiant le projet de loi sur l’enseignement supérieur de « certificat artistique de l’échec de l’État », El Meskini ne critique pas seulement un projet particulier, mais projette l’échec sur l’ensemble de l’appareil étatique. L’État, selon lui, est incapable d’écrire un nouveau chapitre du contrat social et se contente de recycler des outils obsolètes. Il devient ainsi un acteur passif, dénué de vision ou de capacité d’innovation.

2. L’université : outil de réforme ou vitrine de l’effondrement ? El Meskini présente une vision sombre de l’université, non comme un laboratoire d’avenir, mais comme une institution étouffée par un modèle bureaucratique stérile. Il rejette toute réforme progressive et affirme que le projet actuel manque de toute « vision souveraine ». L’université n’est donc plus perçue comme un levier stratégique, mais comme une structure dépassée. Ce discours s’aligne avec les thèses postmodernes qui déconstruisent l’institution sans offrir de génie alternatif.

3. La Constitution de 2011 : une lecture qui mène au désenchantement ? À travers les propos du professeur Mohamed Madani, la Constitution de 2011 est présentée comme un texte de compromis reflétant des rapports de force conjoncturels et des arbitrages contradictoires, incapable d’apporter des réponses claires aux enjeux constitutionnels majeurs. En adoptant cette lecture, El Meskini dépasse la simple critique pour basculer vers une remise en cause de la capacité même du texte à fonder un contrat politique futur. Cela revient à saper, de manière implicite, la légitimité constitutionnelle comme cadre d’unité, et à ouvrir la voie à des projections extrainstitutionnelles, sans en définir la nature.

4. L’identité : entre exaltation et diabolisation En mobilisant l’ouvrage de Hassan Aourid, « Le Piège des identités », El Meskini traite la question identitaire comme une fracture plus qu’un capital, un piège plus qu’un socle de cohésion. Et bien qu’il appelle à un contrat social inclusif, il n’en propose aucun contour précis. Il se limite à constater que le Maroc est pris entre « Constitution provisoire, identité explosive et réforme sans boussole ». Un discours qui rejoint, sur le fond, celui de « l’État en faillite », mais avec une forme adoucie.

5. Absence de projet, omniprésence de la crise : Le problème ne réside pas seulement dans le constat des défaillances, mais dans l’absence d’une tentative de sortie. El Meskini passe du registre analytique à la production d’un discours nihiliste feutré, recyclant les thématiques du désespoir : l’université est inefficace, la Constitution obsolète, l’identité instable, et l’État dépourvu de volonté réformatrice.

Conclusion : L’article de Younes El Meskini, bien que rédigé dans une langue poétique et contemplative, incarne un type de pensée qui déconstruit sans reconstruire, qui accuse sans réparer, qui témoigne de l’échec sans proposer de voie de dépassement. C’est une voix du post-contrat, du post-national, du post-institutionnel. Mais elle laisse le lecteur sans réponse… sinon celle de s’installer dans le doute. Est-ce une critique lucide ou une glorification de l’échec par l’intellectualisation ?

Note finale : Cette analyse ne vise ni à nuire personnellement à l’auteur, ni à remettre en cause ses intentions, mais cherche uniquement à déconstruire le discours et à révéler les positions implicites qu’il véhicule. Nous croyons que tout débat intellectuel honnête commence par l’examen des idées, non par l’attaque des individus, et que c’est en interrogeant les thèses et en dialoguant sur le fond que le débat progresse. Ce texte s’inscrit dans une dynamique de réflexion ouverte sur le rôle de l’intellectuel, les responsabilités du discours et les limites de l’interprétation dans une conjoncture marocaine délicate.

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