Analyse stratégique – Inspirée de l’article de l’ancien ministre Aziz Rebbah
La position du parti “Spear of the Nation” – un symbole emblématique de la lutte pour la libération africaine fondé par Nelson Mandela et aujourd’hui dirigé par l’ancien président sud-africain Jacob Zuma – ne se limite pas à une simple déclaration politique sur un conflit régional. Il s’agit d’un message stratégique révélant une profonde évolution dans la conscience africaine concernant la question du Sahara marocain, redéfinissant les alliances et les principes dans une Afrique post-coloniale.
Dans un document intitulé « Partenariat stratégique pour l’unité africaine, la libération économique et l’intégrité territoriale », le parti lance une véritable bombe politique en déclarant son soutien total à la souveraineté marocaine sur le Sahara et en considérant l’initiative d’autonomie marocaine comme la seule solution réaliste au conflit fabriqué.
Lecture stratégique de la signification de cette position
Sommes-nous face à un changement radical dans la position de l’Afrique du Sud vis-à-vis du Maroc ?
Peut-on considérer cette déclaration comme le germe d’une nouvelle alliance africaine fondée sur le réalisme politique plutôt que sur des slogans idéologiques obsolètes ?
Et quelle est la portée de ce revirement pour l’influence algérienne, qui a longtemps investi dans la création de divisions contre l’unité territoriale du Maroc ?
Le document ne se limite pas à un soutien, il rappelle aussi la mémoire de la lutte africaine pour la libération, longtemps occultée. Le Maroc, comme le souligne le document, fut le premier pays à soutenir le parti “Spear of the Nation” dès les années 1960 dans sa lutte contre l’apartheid, par un appui financier, militaire et diplomatique.
Aujourd’hui, l’histoire reprend son cours pour révéler ce qui était oublié ou ignoré, dans ce que l’on peut appeler un « retour historique renforcé par une position de principe ».
Vers une nouvelle architecture de l’unité africaine
Ce qui donne à cette position sa dimension stratégique, c’est le lien établi entre le soutien à la souveraineté marocaine et la défense de l’unité de l’Afrique du Sud elle-même, ainsi que l’avertissement contre les mouvements séparatistes qui menacent la stabilité du continent. Le parti place l’unité des États africains comme une ligne rouge et considère que ces conflits séparatistes ne sont que des instruments néocoloniaux recyclés.
Mieux encore, le soutien ne s’arrête pas au politique mais appelle à un partenariat stratégique global entre le Maroc et l’Afrique du Sud, englobant les infrastructures, l’énergie, l’agriculture, la transformation digitale, ainsi que la coordination diplomatique, la coopération sécuritaire et les échanges culturels.
C’est, en somme, une invitation à dépasser les schémas du passé pour remodeler les alliances du continent sur la base d’intérêts et de principes réels, non d’idéologies ou d’ingérences étrangères.
Au-delà de la reconnaissance… la donne a-t-elle changé ?
Qui aurait imaginé qu’un des partis les plus historiques d’Afrique du Sud, longtemps perçu comme opposé à l’unité du Maroc, sorte aujourd’hui un document aussi clair ?
Est-ce un réveil des élites ou la conséquence d’un changement géopolitique profond que traverse l’Afrique, face à l’échec des discours achetés ou idéologiques ?
Et le Maroc, grâce à une diplomatie patiente et à ses succès sur la scène internationale – de Washington à Madrid, en passant par Dakar, Kigali et Pretoria – a-t-il réussi à élever le débat de simples positions circonstancielles à une réinterprétation commune de l’histoire ?
Ce qui est certain, c’est que l’Afrique d’aujourd’hui n’est plus ce continent naïf où l’on achète les positions politiques contre des avantages ou des privilèges. Elle est une Afrique en quête d’elle-même, de souveraineté, d’unité de ses peuples, et de réécriture de sa narration historique loin des pressions coloniales anciennes et nouvelles. Cela confère à la position du parti “Spear of the Nation” un caractère non seulement politique mais aussi symbolique, annonciateur d’un tournant.
En conclusion : une victoire marocaine discrète… une stratégie qui avance en silence
Ce changement n’est pas soudain mais résulte d’une accumulation stratégique marocaine en profondeur investie dans l’humain, le développement et la construction d’alliances gagnant-gagnant.
Aujourd’hui, un des bastions les plus hostiles s’effrite, ouvrant la voie à une reconnaissance qui dépasse la politique pour restaurer une mémoire historique et une réconciliation entre alliés de la lutte anticoloniale.
Face à cette dynamique, la question reste ouverte :
L’Afrique est-elle en train de vivre une nouvelle libération, cette fois contre la colonisation des positions fabriquées et des histoires falsifiées ?
La nouvelle posture du parti “Spear of the Nation” marque-t-elle le début d’une révolution de conscience africaine qui transformera la donne du dossier du Sahara… et de l’avenir du continent ?
(Et dis : « La vérité est venue, et l’erreur a disparu. Car l’erreur est destinée à disparaître ».)
