D’une invisibilité chronique à la mobilisation syndicale : assiste-t-on à la reconnaissance imminente d’une catégorie négligée ?
À l’heure où le Maroc s’engage résolument dans la réforme de son système national de santé, conformément à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi, une catégorie professionnelle longtemps marginalisée cherche à se repositionner : les assistants techniques et administratifs.
La réunion élargie organisée à Rabat, le lundi 26 mai 2025, par le Syndicat Indépendant des Secteurs de la Santé (SISS), marque un tournant décisif. Ce rassemblement, auquel ont pris part non seulement les membres du bureau national mais également plusieurs professionnels issus de cette catégorie, n’est pas anodin. Il symbolise une prise de conscience collective, un sursaut face à des années d’exclusion silencieuse.
De la déclaration au passage à l’action : pourquoi maintenant ?
La création d’un Comité national de coordination dédié à cette catégorie, avec la désignation d’un coordinateur national appelé à intégrer le bureau national du SISS, traduit une volonté claire de passer du discours revendicatif à l’organisation structurée et influente. Est-ce le début d’une nouvelle ère où cette catégorie, longtemps reléguée à l’arrière-plan, trouverait enfin sa juste place dans les débats sociaux et professionnels ?
Dans le contexte national actuel, marqué par un appel à l’équité, à la transparence et à l’efficacité, peut-on encore justifier l’absence de cette catégorie autour des tables de dialogue sectoriel ?
Une exclusion normalisée : qui en porte la responsabilité ?
Les participants à la réunion ont évoqué « l’exclusion et la marginalisation systématiques » qui les frappent, en particulier lors des cycles de dialogue entre le ministère de tutelle et les partenaires sociaux. Ce constat soulève une question politique de fond :
Comment espérer réussir une réforme structurelle sans reconnaître l’apport fondamental de ceux qui assurent l’administration, la logistique, la coordination quotidienne des services ?
L’absence de reconnaissance officielle, le manque de perspectives d’évolution et l’absence d’intégration dans les grands chantiers de réforme impactent directement la motivation, la productivité et l’engagement de cette catégorie. Une problématique qui, à long terme, affaiblit l’ensemble du système de santé.
Unité syndicale ou fragmentation des luttes ?
L’une des idées maîtresses du SISS repose sur l’unité syndicale de toutes les catégories du secteur de la santé. Mais ce noble objectif soulève des défis :
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Comment concilier les revendications spécifiques de chaque corps professionnel ?
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Les structures syndicales dominantes sont-elles prêtes à ouvrir la voie à une représentation équitable des assistants techniques et administratifs ?
Sans une redistribution équitable des rôles et des responsabilités au sein des instances syndicales, le concept d’unité risque de rester lettre morte.
Réforme sanitaire sans justice professionnelle ?
Le rappel, en fin de communiqué, de l’article 2, alinéa 8, de la loi-cadre 06.22 n’est pas fortuit. Il s’agit d’un appel direct aux décideurs : aucun projet de réforme ne saurait réussir sans mobilisation et valorisation de toutes les ressources humaines, y compris celles souvent oubliées.
Les assistants techniques et administratifs ne réclament pas des privilèges, mais la reconnaissance de leur rôle et l’accès à leurs droits fondamentaux. La réforme de la santé doit donc être globale, participative, inclusive.
Des questions ouvertes… pour repenser les priorités
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Jusqu’à quand le dialogue sectoriel ignorera-t-il certaines catégories clés ?
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Le syndicalisme indépendant peut-il renverser la logique de domination dans la représentation professionnelle ?
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Sommes-nous prêts, en tant que société, à penser la réforme non pas comme un projet technique, mais comme une dynamique humaine et juste ?
En conclusion :
Le mouvement actuel des assistants techniques et administratifs dépasse la simple revendication sectorielle. Il s’inscrit dans une démarche de repositionnement et de dignité professionnelle, portée par un besoin de reconnaissance et d’égalité. Leur voix, longtemps étouffée, semble aujourd’hui déterminée à s’imposer comme un maillon indispensable dans la chaîne de transformation du système national de santé.
