mardi, juin 3, 2025
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Au cœur du procès de Hamid Mahdaoui : La liberté d’expression au Maroc est-elle devenue otage entre les couloirs du pouvoir et de la justice ?

Au milieu du tumulte des poursuites judiciaires et des restrictions administratives croissantes, le journaliste Hamid Mahdaoui fait aujourd’hui face à une série de défis juridiques qui dépassent les limites habituelles, après que le nombre de plaintes déposées contre lui par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, est passé à cinq, dont certaines sont survenues à un moment crucial qui rouvre le dossier de la liberté d’expression au Maroc dans un débat intense.

Mais pourquoi l’intensité de ces poursuites s’est-elle accrue maintenant ? S’agit-il de simples procédures légales, ou d’un message implicite dissimulant une tentative de faire taire une voix critique qui ne craint pas la confrontation ? Dans le cadre de la Constitution qui garantit les droits et libertés depuis 2011, cette affaire semble être un test flagrant de la crédibilité des institutions et de la capacité de l’État à accepter la divergence politique et journalistique.

Entre convocations simultanées et décisions administratives sévères, ce dossier soulève des questions cruciales : la liberté d’expression au Maroc est-elle mise à l’épreuve par le pouvoir ? La justice et l’administration reflètent-elles une indépendance totale, ou agissent-elles comme des outils pour contrôler le discours politique par des pressions légales déguisées ?

Dans ce reportage, nous plongeons dans les détails de ce procès qui est devenu un symbole d’un combat plus vaste, entre le droit de la presse à critiquer et le droit de l’État à imposer son contrôle, au cœur d’enjeux réels pour l’avenir de la démocratie et de la transparence dans un pays où la liberté d’expression oscille encore entre espoir et inquiétude.

Un timing suspect et des parcours croisés

Ce qui frappe dans les développements de cette affaire, ce n’est pas seulement le nombre des poursuites, mais le timing minutieusement calculé. Le même jour où Mahdaoui comparaît devant la juridiction qui examine son dossier principal, il reçoit une nouvelle convocation de la préfecture de police de Rabat, pour être interrogé sur deux nouvelles affaires. Que suggère cette simultanéité ? Est-ce une simple coïncidence administrative ? Ou s’agit-il d’une tentative de pression indirecte sur le juge Saadawi et sa formation, comme l’a indiqué Mahdaoui dans un post après sa sortie du commissariat ?

Les signaux envoyés par cette coïncidence ne peuvent exclure leurs implications politiques, surtout lorsque la partie plaignante est le ministre de la Justice, ancien sommet exécutif du parquet général et détenteur d’un poste politique sensible au sein du gouvernement.

Décisions en série : la voie administrative comme soutien aux poursuites

En toile de fond de cette confrontation judiciaire, des décisions administratives aggravent la situation : une commission gouvernementale, nommée par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, a décidé de retirer la carte professionnelle de presse de Mahdaoui pour une durée d’un an, se fondant sur une expression utilisée lors d’une de ses interventions médiatiques, avant que cette même commission refuse par la suite de renouveler sa carte. Malgré la présentation de nouvelles données par Mahdaoui, le tribunal administratif a confirmé la décision sans ouvrir de délibérations supplémentaires.

Sommes-nous face à une convergence méthodique entre la justice et l’administration contre un journaliste dissident ? Peut-on considérer ces poursuites comme une application neutre de la loi, ou s’agit-il d’une politique de bâillonnement d’une voix indésirable ?

Question du projet politique et place de la presse

Sur un plan plus profond, cette affaire remet en question le cœur du projet démocratique au Maroc, et les limites de ce que l’on appelle la « liberté d’expression encadrée ». Alors que les plateformes électroniques regorgent d’un flot énorme d’abus éthiques et professionnels, sans que leurs auteurs ne soient inquiétés, les poursuites judiciaires et administratives semblent massivement mobilisées contre un journaliste connu pour ses positions politiques opposantes et son long parcours de critique du pouvoir.

Comment distinguer l’exercice du droit à la critique du « diffamation » et de la « calomnie » ? Qui détient le pouvoir d’interprétation ? Peut-on appliquer la loi dans un contexte déséquilibré en termes de rapport de force et d’influence ?


Réactions et inquiétudes des défenseurs des droits

Face à cette intensification, plusieurs voix politiques et des défenseurs des droits ont exprimé leur inquiétude, dont Amina Maâlanein, cadre du parti Justice et Développement, qui s’est interrogée sur les raisons de cette succession rapide de poursuites. Elle est allée plus loin en affirmant que « lorsqu’un journaliste est poursuivi pour son opinion, il doit bénéficier d’une protection renforcée, et non d’être frappé par le glaive des poursuites répétées ».

Les déclarations de Maâlanein alertent sur un glissement dangereux : que certains textes législatifs deviennent un prétexte pour affaiblir la liberté de la presse, au lieu d’en être la garantie, ce qui ramène le débat à l’esprit et aux objectifs de la Constitution, et non à des interprétations partielles et isolées de la loi.

En conclusion : quel avenir ?

Le journaliste Hamid Mahdaoui n’est pas seulement un individu face à la justice, il est un véritable test de la crédibilité des institutions, de l’indépendance de la justice, et de la capacité de la scène politique marocaine à coexister avec des voix critiques.

Cette affaire marquera-t-elle un recul, ou un signal d’alarme rouvrant un débat essentiel sur les médias, le pouvoir et la démocratie ?

Ce qui se passe est-il une exception, ou une introduction à un nouveau mode de répression qui n’opère pas par arrestations directes, mais par un « étranglement progressif » via des outils juridiques et institutionnels ?

Des questions restent en suspens dans un temps qui cherche encore à équilibrer « pouvoir » et « droit », « État » et « liberté ».

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