Dans la ville de Tanger Méditerranée, où se mêlent les senteurs maritimes et l’héritage andalou, s’est tenu, à la fin du mois de mai 2025, un événement culturel singulier dans un temps singulier : la première rencontre des membres de l’Association des Femmes Écrivaines du Maroc, de l’Association des Femmes Écrivaines d’Afrique, et de l’Association des Femmes Écrivaines Créatives d’Espagne (AMEIS), sous un slogan hautement symbolique : « La littérature, un pont entre les deux rives ».
Derrière ce slogan se profile une vision discrète mais profonde : faire de la femme écrivaine une actrice du dialogue entre les peuples là où les projets politiques ont échoué à créer une véritable proximité humaine.
L’écrivaine : entre création et diplomatie douce
Cette rencontre, qui vise à activer un accord de partenariat culturel trilatéral, va bien au-delà des objectifs artistiques. Elle incarne une forme de diplomatie douce, où l’écrivaine devient une figure civile engagée, investie dans la réécriture du lien entre les peuples par le biais de la littérature.
Peut-on encore croire que la culture et la littérature sont capables de réconcilier les rives opposées d’une Méditerranée marquée par les tensions géopolitiques ?
Le rôle de l’écrivaine peut-il transcender le cadre littéraire pour devenir un levier stratégique de rapprochement culturel ?
Une culture féminine transfrontalière
Ce forum affirme clairement que les femmes écrivaines sont aujourd’hui porteuses d’un projet civilisationnel fondé sur l’ouverture, la mémoire partagée, la solidarité et la créativité. Elles ne sont plus marginales dans les débats culturels, mais bien au cœur d’une dynamique qui redéfinit les priorités culturelles de l’axe Sud-Nord.
La Méditerranée, au lieu d’être un mur, devient ici un espace de fluidité symbolique, où les femmes écrivent ensemble de nouveaux récits communs.
Un contexte révélateur
Cette rencontre n’est pas tombée du ciel. Elle survient dans un moment marqué par la montée des replis identitaires, le délitement des repères universels et l’affaiblissement des institutions culturelles. Dans ce contexte, la parole des femmes écrivaines s’impose comme un acte de résistance à la banalisation, à la violence symbolique et au vide culturel.
La culture devient ici un instrument de dignité, et l’écriture féminine, un espace de recomposition du monde face à la brutalité des réalités politiques.
Vers un pacte culturel féminin Méditerranée-Sud/Nord
Cette rencontre pose indirectement une question centrale : ne serait-il pas temps d’instaurer un véritable pacte culturel féminin entre les deux rives de la Méditerranée ?
Un pacte basé sur l’écoute mutuelle, la reconnaissance des expériences créatives des femmes, et la défense d’une mémoire collective transnationale, où l’écriture ne serait plus seulement un art, mais aussi un moyen de vivre ensemble autrement.
Les associations participantes — marocaines, africaines et espagnoles — ont exprimé leur détermination à donner vie à l’accord signé, à le traduire en actions concrètes, et à œuvrer ensemble pour une culture ouverte, inclusive, solidaire et profondément humaine.