mardi, juin 3, 2025
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De Settat à la souveraineté alimentaire : assiste-t-on à une transformation du modèle de l’élevage au Maroc ?

À l’heure où les défis de la sécurité alimentaire s’amplifient sous l’effet du changement climatique et de l’instabilité des marchés internationaux, la ville de Settat s’impose comme une plateforme stratégique autour d’un projet ambitieux : l’unification des coopératives de techniciens en insémination artificielle. S’agit-il d’une simple initiative professionnelle ou bien d’un levier pour repenser en profondeur l’architecture de l’élevage au Maroc ?

Une vision royale au cœur du projet : quand l’agriculture devient projet de société

Cette rencontre, qui fait suite au lancement officiel de l’Union à El Jadida, s’inscrit dans le cadre des orientations royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, appelant à la valorisation des ressources rurales et à la modernisation de l’agriculture. Mais au-delà du discours, la véritable question demeure : ce projet peut-il réellement combler les lacunes structurelles qui freinent l’évolution du secteur ?

Au-delà de la technique : changement de paradigme ou restructuration de façade ?

Le projet ambitionne de standardiser les techniques d’insémination artificielle, former les éleveurs et améliorer la qualité génétique des troupeaux. Ces objectifs révèlent un enjeu plus large que la simple productivité :

  • Comment intégrer équitablement les petits éleveurs dans les chaînes de valeur ?

  • L’État est-il prêt à soutenir durablement cette transformation sur les plans financier et institutionnel ?

  • Comment prévenir la récupération bureaucratique ou clientéliste de telles initiatives ?

Settat comme laboratoire territorial : quel rôle réel pour les régions ?

La mobilisation des acteurs locaux traduit une volonté affirmée de faire des territoires des partenaires dans la mise en œuvre des politiques nationales. Mais face aux limites actuelles de la régionalisation (faibles moyens, compétences floues), cet élan régional pourra-t-il s’inscrire dans la durée ?

Innovation et partenariat : quel équilibre avec le secteur privé ?

Le plan d’action prévoit la création de centres régionaux, des campagnes de sensibilisation et des partenariats avec des instituts de recherche. Cela pose une question cruciale :
le secteur privé est-il un partenaire stratégique engagé dans le développement rural, ou un acteur dominant risquant de marginaliser les petits éleveurs ?
Et dans quelle mesure l’Union pourra-t-elle défendre efficacement les intérêts de ses membres face aux grands opérateurs ?

En conclusion : quel modèle agricole pour le Maroc de 2030 ?

Ce projet ne doit pas être interprété comme une simple action technique, mais comme une tentative de refonder la gouvernance agricole dans un pays engagé dans la mise en œuvre de son nouveau modèle de développement et de la stratégie “Génération Verte”.

Sommes-nous à l’aube d’une agriculture plus souveraine, plus inclusive et résiliente ?
Ou le projet restera-t-il confiné à une dynamique locale, sans impact systémique ?

Les réponses viendront avec le temps. Mais une chose est certaine : la réforme de l’élevage est désormais une question stratégique, politique et sociale.

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