Dans la matinée du vendredi 9 mai 2025, les habitants de Tanouiste, relevant de la commune de Toizgui (province d’Assa-Zag), ont organisé un sit-in pacifique pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’« intrusion continue de la mafia foncière dans leurs terres ancestrales ». Cette manifestation citoyenne, marquée par une forte mobilisation des femmes, des enfants et des personnes âgées, intervient après une série de violations similaires enregistrées à Taflit, Izerir, Tan-Tan et Sidi Ifni.
Mais cet événement dépasse la simple protestation locale. Il soulève une question d’intérêt national :
L’État marocain est-il capable de défendre les terres collectives face à des réseaux organisés qui avancent sous couvert de procédures légales ambiguës ?
Une mobilisation symbolique, reflet d’une colère enracinée
La présence massive des « Chorfa Mrabtine » d’Assa dans cette manifestation envoie un message fort d’unité populaire. Les manifestants ont fermement exprimé leur rejet de toute tentative d’appropriation illégale, qualifiant les auteurs de ces actes de « gangs de la terre ». Sur les réseaux sociaux, vidéos et images ont rapidement circulé, révélant l’ampleur de la solidarité locale et régionale autour de cette lutte.
Un test pour l’État : peut-il (encore) protéger les terres collectives ?
Les protestataires appellent les autorités compétentes à une intervention urgente pour faire cesser ces empiètements et garantir les droits fonciers des populations. Ils menacent d’intensifier leurs actions pacifiques si les violations persistent. Cette situation place l’État devant une épreuve cruciale :
Va-t-il s’attaquer sérieusement à des réseaux fonciers puissants qui sévissent dans le Sud marocain, ou continuer à détourner le regard ?
Le silence ou la lenteur des institutions risquent de normaliser un système de prédation foncière qui s’appuie sur la désorganisation administrative, l’absence de titres fonciers clairs et la vulnérabilité juridique des communautés locales.
Derrière la question foncière, un enjeu de souveraineté locale
Les enjeux dépassent largement le registre juridique : c’est la légitimité de la présence des populations autochtones sur leurs terres qui est en jeu. Des observateurs soulignent que ces tentatives d’appropriation s’inscrivent dans une logique plus large de marginalisation économique et symbolique du Sud marocain.
Sommes-nous face à une « privatisation rampante » du foncier rural au profit de groupes d’influence et d’intérêts spéculatifs ?
Et si oui, quelles réformes structurelles faudrait-il engager pour protéger les droits historiques des communautés locales ?
Conclusion : Assa-Zag, nouveau front du combat pour la justice foncière
La mobilisation de Tanouiste est un signal d’alarme. Elle interpelle non seulement les autorités locales mais aussi les décideurs nationaux. Si rien n’est fait, le Sud risque de devenir un terrain de prédation immobilière, où la loi du plus fort prime sur le droit et la mémoire collective.
L’État choisira-t-il de se ranger du côté de la justice sociale et de la reconnaissance des droits historiques ?
Ou cédera-t-il une fois de plus à la logique du silence et du laisser-faire ?