À l’heure où les tensions se ravivent autour des questions linguistiques au Maroc, le docteur Abdelnabi Aidoudi, député et acteur politique, propose une lecture à la fois posée et ferme sous un titre clair et porteur de sens :
« La langue est une identité nationale… pas un champ de bataille »
Mais ce rappel des principes fondamentaux suffit-il à calmer une scène médiatique et politique souvent contaminée par les surenchères identitaires ?
Le débat autour de l’arabe et de l’amazighe est-il un signe de vitalité démocratique ou bien un symptôme d’un clivage entretenu à des fins stratégiques ?
Arabe et amazighe : cohabitation ou confrontation artificielle ?
Le Dr Aidoudi commence son texte par un rappel historique et spirituel :
La langue arabe, langue du Coran, n’a jamais été un instrument colonial ou un outil de domination culturelle.
Il souligne que des peuples comme les Perses, les Turcs ou encore les Andalous ont su l’intégrer sans renier leurs propres langues, dans une dynamique de cohabitation culturelle.
Ensuite, il appelle à sortir du piège de l’opposition binaire entre la « langue de la nation » et « la langue d’un composant du territoire », rappelant que l’identité marocaine ne peut être réduite à une seule dimension.
Une question s’impose alors :
Qui a intérêt à faire de la diversité linguistique une source de division ?
Quand la langue devient une stratégie électorale ?
Dans la deuxième partie de son intervention, le Dr Aidoudi répond directement à une accusation récurrente :
« Le parti du Mouvement Populaire instrumentalise l’amazighe comme réservoir électoral »
Pour lui, c’est une contre-vérité flagrante :
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La majorité des amazighophones ne votent pas pour le parti.
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Le nombre de députés issus de régions non amazighophones dépasse celui des représentants des zones dites « montagneuses ».
Mais cette défense, aussi argumentée soit-elle, nous renvoie à une problématique plus vaste :
Pourquoi toute prise de parole identitaire est-elle systématiquement soupçonnée d’avoir une visée électoraliste ?
La classe politique peut-elle sortir de cette suspicion pour aborder la diversité culturelle avec sincérité ?
L’identité nationale n’est pas un champ de manœuvres étrangères
En conclusion, le Dr Aidoudi adresse une mise en garde claire :
Quiconque tente de manipuler la langue amazighe pour servir des agendas extérieurs connus pour leur visée de fragmentation, s’attaque à l’unité du peuple marocain et à la stabilité de l’institution monarchique.
Il insiste sur la position constante de son parti :
Le Mouvement Populaire rejette tout extrémisme linguistique, ethnique ou sectaire, et place l’unité nationale au-dessus de tout.
Mais l’interrogation reste entière :
Les institutions politiques, académiques et médiatiques marocaines sont-elles prêtes à encadrer ce débat en dehors de toute instrumentalisation ?
Et surtout :
Le Maroc saura-t-il transformer sa diversité linguistique en levier d’unité plutôt qu’en levier de division ?
Conclusion : la pluralité linguistique est une richesse, pas une menace
À travers son article, le Dr Abdelnabi Aidoudi ne plaide pas seulement pour une coexistence linguistique, mais pour une lecture apaisée de l’identité nationale.
Il lance un appel à replacer la langue dans son rôle naturel : outil de transmission, de savoir et de culture, non de conflit ni de division.