À l’aube d’une froide journée d’avril 2025, le cri de détresse de « la mère de Tazroute » n’était pas qu’un simple appel au secours d’une femme enceinte abandonnée sur les routes accidentées du nord du Maroc. Il est devenu un moment charnière du débat national sur le sort du système de santé, lorsque l’hôpital régional Saniyat Ar-Raml à Tétouan a refusé de l’accueillir en plein travail.
L’image choquante de l’incident, devenue virale sur les réseaux sociaux, n’a laissé ni la rue ni l’opposition parlementaire indifférentes. Mohamed Ouzine, secrétaire général du Parti du Mouvement Populaire (PMP), a été le premier à réagir avec un communiqué cinglant, sommant le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, d’assumer ses responsabilités politiques : « Où sont passés les slogans de ‘protection sociale universelle’ ? Où est l’engagement politique envers les populations du Maroc profond ? »
« Un incident isolé ? Ou le reflet d’un système à l’agonie ? »
L’opposition, menée par le PMP, refuse de qualifier ce qui s’est passé à Tétouan de simple « dysfonctionnement ponctuel ». Pour Ouzine, cet événement est un signal d’alarme qui expose des défaillances structurelles vieilles de décennies, révélant l’échec des politiques gouvernementales successives et mettant l’exécutif face au test de « l’équité territoriale » et de la « dignité citoyenne ».
« À quoi servent les budgets et les rapports ministériels si une femme du 21e siècle meurt aux portes d’un hôpital public ? », a-t-il lancé lors d’une séance parlementaire exceptionnelle, brandissant une proposition de commission d’enquête sur l’état des maternités dans les zones reculées.
Autopsie d’une crise : entre chiffres et déni politique
Selon un rapport du ministère de la Santé, le Maroc accuse un déficit de plus de 40% en services d’obstétrique, notamment en zones rurales et montagneuses. Pourtant, les ressources allouées ne suivent pas : les budgets de la santé ont même été réduits, passant de 6,2% à 5,8% du PIB en 2024, comme l’a rappelé Ouzine.
Pourquoi ne pas déployer des unités de maternité mobiles dans les régions marginalisées, comme l’ont fait la Tunisie ou le Sénégal, pourtant moins dotés ? Pourquoi aucun rapport transparent sur les décès maternels liés aux refus de soins ?
« Le ministre et Aït Taleb » : le silence politicien face à l’offensive de l’opposition
Ouzine a saisi l’occasion pour lier l’incident à l’échec du projet gouvernemental de protection sociale. Pour lui, la crise n’est plus technique, mais politique et éthique. Alors que le ministre vante les « avancées numériques » (AMO, RAMED), la réalité oppose une résistance brutale : des infrastructures en ruine, des déserts médicaux, et des vies sacrifiées.
« M. Aït Taleb ne peut pas réformer le système avec des réflexes du passé. Il faut un état d’urgence sanitaire pour le Maroc ‘non utile’ ! », a-t-il conclu, sous les applaudissements de l’opposition.
La dignité en jeu : le Maroc rural entre marginalisation et injustice sanitaire
De Tazroute à l’hôpital de Tétouan, le fœtus qui n’a pas vu le jour a parcouru des dizaines de kilomètres sans nom, sans dossier médical, sans couverture sociale. Pendant ce temps, les discours ministériels continuent de promettre « numérisation », « centres régionaux » et « réformes structurelles »… sans impacts tangibles.
S’agit-il d’une simple négligence administrative ? Ou d’une philosophie de gouvernance qui réduit les citoyens périphériques à des statistiques ?
Ouzine, porte-voix de l’opposition… ou futur leader ?
Le dossier sanitaire, longtemps marginal dans le débat politique, pourrait devenir une arme électorale décisive. Avec son ancrage rural et son discours percutant, Mohamed Ouzine se pose en défenseur des « oubliés », plaçant la dignité au cœur de son combat.
« La mère de Tazroute » deviendra-t-elle l’étincelle d’un changement radical ?
Les prochaines semaines seront décisives, entre un gouvernement qui défend « le possible » et une opposition qui exige « l’impossible ».