lundi, juin 23, 2025
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ZIAN ENTRE DROIT ET POLITIQUE : UN PROCÈS À LA CROISÉE DE LA JUSTICE ET DES LIBERTÉS

Dans une affaire qui incarne les tensions croissantes entre l’autorité judiciaire et les droits fondamentaux au Maroc, le parquet a requis, ce mercredi, le renforcement de la peine de prison de cinq ans prononcée contre Mohamed Ziane, avocat, ancien bâtonnier et ancien ministre des Droits de l’Homme. Cette requête relance une controverse juridique et politique autour d’un dossier perçu, par de nombreuses voix, comme une affaire à forte teneur politique.

Sommes-nous face à une stricte application du droit, ou à un règlement de comptes masqué sous les habits de la justice ?
La lutte contre la corruption est-elle instrumentalisée pour neutraliser les opposants ?

SALLE D’AUDIENCE N°4 : LIEU DE CONFLIT ENTRE LÉGALITÉ ET MÉMOIRE POLITIQUE

La salle d’audience n°4 de la Cour d’appel de Rabat a accueilli une séance tendue et suivie par de nombreux avocats, militants des droits humains et simples citoyens. Deux récits s’y affrontaient :

  • celui d’un État affirmant sa volonté de faire respecter la loi,

  • et celui d’acteurs de la société civile dénonçant une instrumentalisation politique de la justice.

Mais pourquoi cette insistance du parquet à alourdir la peine ?
S’agit-il d’un message politique adressé aux opposants, ou simplement d’une procédure ordinaire ?

82 ANS ET LA JUSTICE FACE AU TEMPS ET À LA MALADIE

Âgé de 82 ans, Mohamed Ziane souffre de maladies chroniques, dont la spondylarthrite ankylosante et des troubles cardiaques. En décembre 2024, il a subi une crise aiguë en pleine audience, nécessitant une évacuation médicale d’urgence.
Malgré cela, son maintien en détention a été dénoncé comme un danger réel pour sa vie par des ONG, notamment la HIMAM (Instance Marocaine de Soutien aux Prisonniers Politiques).

La question se pose : Comment concilier la nécessité de rendre justice et la prise en compte de la dignité et de la santé de l’accusé ?
Le droit peut-il ignorer l’âge et la condition humaine dans un État de droit ?

UNE AFFAIRE DE DÉTOURNEMENT… OU DE POSITIONNEMENT ?

Mohamed Ziane a été condamné en première instance pour détournement et dilapidation de fonds publics, des accusations qu’il rejette catégoriquement à travers sa défense, dénonçant un acharnement judiciaire motivé par ses positions critiques à l’égard du pouvoir.
Rappelons qu’il purge déjà trois années de prison dans un autre dossier, ce qui renforce les craintes d’une volonté de neutralisation politique.

Dès lors, il est légitime de se demander :
La justice est-elle en train de juger des faits, ou un parcours politique ?
Et si c’est ce dernier, que révèle cela sur la séparation des pouvoirs au Maroc ?

JUSTICE ET POLITIQUE : UNE FRONTIÈRE DE PLUS EN PLUS FLOUE ?

Au-delà du cas Ziane, l’enjeu est systémique. Depuis plusieurs années, des rapports nationaux et internationaux alertent sur un recul préoccupant des libertés publiques au Maroc, évoquant un climat de restriction des voix critiques — journalistes, militants, opposants — et une utilisation accrue de l’appareil judiciaire comme levier de contrôle politique.

Cela nous renvoie à une interrogation essentielle :
La justice marocaine est-elle encore perçue comme indépendante ?
Ou bien est-elle en train de devenir un instrument du pouvoir exécutif dans la gestion du champ politique ?

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