mardi, décembre 2, 2025
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Bensaïd… Quand le ministre parle au nom d’une crise : le Conseil a-t-il besoin d’une “nouvelle élite” ou d’une nouvelle philosophie ?

Les déclarations de Mohamed Mehdi Bensaïd devant la Commission de l’éducation, de la culture et des affaires sociales ne se limitaient pas à un simple commentaire technique sur le projet de loi. Ses propos semblent plutôt constituer une lecture officielle de ce qui s’est passé la semaine dernière, à savoir la fuite vidéo de la Commission d’éthique du Conseil national de la presse.
Derrière cette allusion apparemment mineure se cache une réalité plus profonde : l’État lui-même reconnaît que l’institution créée pour protéger les journalistes des dérives éthiques est désormais le théâtre d’une crise éthique.

1. Le recours au recours… une porte vers la redistribution du pouvoir ?

Lorsque le ministre affirme que « le nouveau texte renforce le droit de recours », il introduit un mot-clé dans le débat : recours.
Il ne s’agit pas uniquement de corriger les décisions d’une commission en perte de crédibilité, mais de réorganiser les équilibres de pouvoir au sein du Conseil.
Le recours devient ainsi une mécanique pour restaurer la légitimité après qu’une commission a perdu la confiance publique.

La question centrale qui se pose :
Sommes-nous face à une tentative de sauver l’institution de ses propres défaillances ? Ou s’agit-il d’un moyen de la remettre sous un contrôle étatique plus strict après qu’une de ses commissions a dépassé les limites ?

2. “Nouvelle élite”… une expression lourdement chargée

En affirmant que « nous avons besoin d’une nouvelle élite », Bensaïd reconnaît ouvertement l’échec de l’élite actuelle.
Mais il ne précise pas : quelle est la nature de cette nouvelle élite ? Qui la constituera ? Qui aura le droit de la choisir ?

Parler d’une “nouvelle étape” traduit la conscience officielle que les accumulations de dysfonctionnements au sein du Conseil ne sont plus réparables par de simples ajustements.
Les salons professionnels, les calculs d’ego et les conflits latents ont transformé une institution censée être neutre en petit champ de bataille d’intérêts personnels.

Ce constat dépasse la simple question de renouveler les personnes : il s’agit de redéfinir la légitimité professionnelle à la racine.

3. Le gouvernement et “l’accumulation” : un aveu implicite

Bensaïd a déclaré :

« Le gouvernement – contrairement aux précédents – vit avec l’accumulation. »

Deux choses se lisent dans cette phrase :

  1. Le Conseil n’a pas rempli sa mission originelle.

  2. Le gouvernement actuel ne veut pas assumer les conséquences de cet échec sans modifier les règles du jeu.

Pour la première fois, peut-être, l’État admet que l’existence même du Conseil — sous sa forme actuelle — n’a pas empêché les erreurs, elle les a parfois produites.

4. La représentativité… quand elle se transforme en combat de “moi”

Quand le ministre évoque “l’ego” dans la question de la représentativité, il met à nu un constat bien connu des journalistes :
le siège compte plus que l’institution, le statut plus que la fonction, et les calculs personnels surpassent l’intérêt général.

Cette situation s’inscrit dans une crise plus large du champ médiatique :
absence de vision professionnelle commune, divisions dans les structures représentatives, et conflit de légitimité entre générations.

5. Les observations institutionnelles… consultation réelle ou simple “rite” ?

Le ministère de Bensaïd affirme avoir pris en compte les observations du Conseil national des droits de l’homme et du Conseil économique, social et environnemental, « sauf certaines dispositions ».

Mais le ministre signale également que juger l’ensemble du projet sur la base d’un ou deux articles est « étrange ».

Cela renvoie à la question centrale :
le processus législatif vise-t-il réellement à produire une loi adaptée à la profession, ou à répondre aux impératifs politiques du moment ?

L’État cherche clairement à protéger le cadre institutionnel tout en l’empêchant de devenir un pouvoir autonome au-dessus du contrôle.

Conclusion “Maroc Maintenant” : le projet de loi comme miroir… pas comme solution isolée

La question ne se limite pas à un texte légal : elle touche à l’identité de la presse marocaine aujourd’hui.
Sommes-nous face à un quatrième pouvoir indépendant, ou à une structure professionnelle qui nécessite constamment une tutelle législative pour maintenir son rythme ?

Bensaïd ne l’a pas dit explicitement, mais ses mots permettent cette lecture entre les lignes.
La vraie question pour la sphère médiatique demeure :

Changer l’élite suffira-t-il si la philosophie même du Conseil reste à réviser ?

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