Rabat – La déclaration du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Aziz Ed-dine Midawi, a suscité un large débat après qu’il a affirmé, lors d’une séance parlementaire, que « la plupart des enseignants inscrivent leurs enfants dans le privé… et ma fille était dissipée, je payais 6000 dirhams pour son soutien ».
Cette déclaration, filmée et largement diffusée, a été perçue par certains comme une reconnaissance implicite des dysfonctionnements de l’école publique, tandis que d’autres l’ont considérée comme une plaisanterie sortie de son contexte.
Contexte du débat
Ce débat survient à un moment où le secteur de l’éducation connaît une discussion renouvelée sur la qualité du système scolaire, et où la fréquentation des établissements privés ne cesse d’augmenter. Selon les données officielles, la proportion d’élèves scolarisés dans le privé a atteint des niveaux remarquables ces dernières années, notamment dans les grandes villes.
Par ailleurs, des données non officielles indiquent un recours croissant aux cours particuliers, qui pour de nombreuses familles font désormais partie intégrante du parcours scolaire plutôt qu’un simple complément.
Des enseignants qui choisissent le privé pour leurs enfants
Le choix des enseignants d’inscrire leurs enfants dans le privé n’est pas nouveau. Plusieurs enseignants reconnaissent publiquement leurs motivations, notamment :
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La surcharge des classes dans le public
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Le manque de stabilité pédagogique dû au déficit de ressources
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Le désir de suivre plus attentivement le parcours de leurs enfants
Un enseignant dans une école publique à Salé déclare :
« Ce choix n’est pas un désaveu de l’école publique, mais une conséquence des conditions de travail. La classe où j’enseigne compte plus de 40 élèves, il est difficile de suivre chacun correctement. »
L’économie du soutien scolaire
La question des 6000 dirhams mensuels pour le soutien de sa fille révèle un autre aspect : l’expansion du marché des cours particuliers, qui est perçu par de nombreuses familles comme une condition de réussite et non comme un simple complément.
Une famille de classe moyenne nous confie :
« Nous n’avions pas prévu les cours particuliers, mais quand nous avons constaté des écarts de réussite, nous avons dû y recourir, même si le coût pèse sur le budget familial. »
La confiance dans l’école publique
La question centrale que cette déclaration soulève est le niveau de confiance que la société place encore dans l’école publique.
Si une partie des acteurs du système choisit des alternatives, cela interroge sur la capacité de l’école publique à remplir pleinement son rôle.
Un expert en éducation, souhaitant garder l’anonymat, note :
« Ce n’est pas seulement une question technique, mais aussi l’image de l’école en tant qu’institution de mobilité sociale. Quand cette image se détériore, le débat dépasse la qualité de l’enseignement et touche la relation entre la société et l’État. »
Conclusion ouverte
Qu’on considère la déclaration du ministre comme une plaisanterie ou comme une reconnaissance implicite des dysfonctionnements, elle remet sur le devant de la scène une question fondamentale :
L’école publique peut-elle encore garantir l’égalité des chances pour tous les Marocains ?
Une question ouverte, aux réponses variées, mais dont le débat est aujourd’hui plus clair, plus urgent et plus direct que jamais.



