mardi, décembre 2, 2025
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Centres régionaux d’investissement : transfert de pouvoir ou simple recyclage de l’influence ?

Centres régionaux d’investissement : un véritable transfert de pouvoir ou simple redéploiement administratif ?

Les transformations institutionnelles ne se lisent pas uniquement à travers les chiffres inscrits dans les lois de finances, mais surtout dans ce qu’elles révèlent d’un réagencement silencieux des rapports de pouvoir. Dans ce sens, le budget sectoriel 2026 du Ministère de l’Investissement et de l’Évaluation des Politiques Publiques met en avant une montée en puissance des Centres Régionaux d’Investissement (CRI), au détriment des dépenses centralisées. Mais cette évolution soulève une interrogation essentielle : assistons-nous réellement à une décentralisation du pouvoir décisionnel, ou simplement à une déconcentration des tâches ?

Les chiffres comme signaux politiques

Le budget de fonctionnement du ministère augmente légèrement, de 387 à 394 millions de dirhams. Mais l’essentiel de cette hausse est dirigé vers les CRI, qui absorberont désormais 68% du budget. Parallèlement, les dépenses internes de la centrale diminuent de 15%.

Ainsi, le centre se contracte pour laisser place aux territoires.

Cependant, les grands leviers financiers — notamment les deux fonds d’investissement stratégiques — demeurent contrôlés au niveau central. Le cœur du pouvoir économique reste donc à Rabat.

Décentralisation de moyens ou décentralisation du pouvoir ?

Accroître les ressources des CRI ne signifie pas automatiquement leur octroyer un véritable pouvoir.

La question demeure :Ces centres disposent-ils réellement des compétences, de la culture administrative et des marges de négociation nécessaires pour attirer l’investissement et accompagner les projets ?

Le lancement d’un plan national de formation sur trois ans montre que l’État en est conscient : le défi n’est pas financier, mais institutionnel et humain.

Transparence et reddition des comptes

L’activation de l’Observatoire National de l’Investissement et la mise en place de tableaux de bord publics représentent une avancée.

Mais la transparence mène à une responsabilité nouvelle : Qui assumera les échecs éventuels ? Le centre ou la région ? La visibilité des chiffres transforme les performances en responsabilités.

Conclusion

Nous sommes face à une étape charnière : soit l’on construit une véritable gouvernance territoriale capable de décision, soit l’on reproduit le modèle centralisé sous une forme régionalisée. La réussite dépendra moins des budgets accordés que de la capacité des acteurs locaux à transformer ce pouvoir potentiel en dynamique économique réelle.

Question ouverte

Sommes-nous en train de bâtir des régions qui détiennent leur avenir, ou seulement de changer la façade administrative sans modifier la nature du pouvoir ?

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