Le 10 juillet, le Sénat français n’a pas seulement été le théâtre d’un débat sur la réforme de l’audiovisuel public. Il est devenu la scène d’un affrontement symbolique entre deux France : celle des élites héritées et celle des enfants de l’immigration.
En réponse à une intervention jugée condescendante de la sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie, la ministre de la Culture, Rashida Dati, a lâché une réplique aussi directe que cinglante : « Je ne suis pas votre domestique. Peut-être que mon père a travaillé pour le vôtre, mais ce temps-là est révolu. »
Un silence tendu a envahi l’hémicycle, immédiatement rompu par un tumulte de réactions — politiques, médiatiques et sociales. Ce n’était plus un débat sur la gestion de France Télévisions, mais une explosion de mémoire sociale, un cri venu des marges : celui d’une fille d’ouvrier d’origine marocaine qui refuse de courber l’échine.
Dati ne dénonçait pas seulement un mépris de classe ; elle mettait à nu l’hypocrisie d’un système politique qui se dit républicain mais qui perpétue, sous des formes policées, les logiques d’exclusion et de hiérarchie sociale.
La sénatrice Laurence Rossignol, elle, y a vu une « attaque personnelle » digne d’un « crime patronymique », révélant combien le nom, l’origine et le passé familial pèsent encore dans l’espace public français.
Au fond, ce que Dati a dit, c’est : « J’ai ma place ici, et je ne la dois à personne. »
Et si cela dérange certains héritiers d’un ordre ancien, c’est peut-être justement que le changement est en marche.