dimanche, juin 22, 2025
AccueilActualitésTournant parlementaire à Bruxelles : d’un soutien symbolique à une diplomatie territoriale...

Tournant parlementaire à Bruxelles : d’un soutien symbolique à une diplomatie territoriale au Sahara marocain

Dans un geste qui pourrait marquer un changement de paradigme dans la lecture européenne du dossier du Sahara, le parti réformateur (Mouvement Réformateur – MR) au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale a déposé une proposition de résolution appelant explicitement à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara et à l’ouverture d’un bureau économique et commercial à Dakhla ou Laâyoune.

Ce basculement – à la fois juridique, économique et diplomatique – traduit une évolution du regard européen : du statut de « territoire en litige » à celui de partenaire stratégique d’avenir en Afrique du Nord-Ouest.

Du conflit à la convergence : quand la logique du partenariat l’emporte

La note explicative accompagnant la proposition parlementaire révèle une grille de lecture différente : le Maroc n’est plus seulement perçu comme un acteur du conflit, mais comme un pilier de stabilité régionale et un hub émergent dans les domaines logistique, énergétique et touristique.

Ce tournant s’appuie sur plusieurs leviers :

  • Le rôle stabilisateur du Maroc au Sahel et au Maghreb ;

  • L’attractivité des provinces du Sud grâce à des projets structurants (port Atlantique de Dakhla, énergies renouvelables…) ;

  • L’appui international croissant à l’initiative marocaine d’autonomie (États-Unis, France, Espagne…).

La question se pose alors : s’agit-il d’un positionnement économique opportuniste, ou des prémices d’un nouvel axe européen réaliste et décomplexé vis-à-vis des conflits gelés du continent africain ?

La diaspora marocaine à Bruxelles : simple présence ou levier stratégique ?

La proposition met en avant un fait sociologique fondamental : la présence marocaine à Bruxelles n’est plus un simple élément démographique, mais une ressource diplomatique, économique et humaine susceptible d’accélérer la coopération transfrontalière.

Un basculement semble s’opérer : de l’approche « intégrationniste » vers un usage géostratégique de la diaspora comme pont naturel entre deux réalités régionales.

De l’autonomie au bureau économique : les symboles d’une reconnaissance pragmatique

L’appel à ouvrir un bureau économique de hub.brussels dans le Sud marocain n’est pas un acte anodin : il équivaudrait à une première forme de représentation institutionnelle européenne dans les provinces sahariennes marocaines.

Plus qu’un simple geste économique, il s’agit d’un positionnement diplomatique indirect, posant la question centrale suivante :

L’Europe est-elle prête à passer du soutien politique abstrait à une implication territoriale concrète et assumée ?

Le Sahara marocain : future passerelle logistique entre l’Europe et l’Afrique ?

Plus de 30 consulats ont été ouverts à Dakhla et Laâyoune. Les investissements massifs de l’État marocain (zones industrielles, infrastructures vertes, tourisme durable) positionnent la région comme une nouvelle porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest.

Dans ce contexte, la Belgique, via Bruxelles, pourrait-elle jouer le rôle de pionnier européen et entraîner dans son sillage d’autres régions vers une diplomatie économique décentralisée ?

Entre droit international et réalisme géopolitique : une équation subtile

Tout en se référant aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, la proposition bruxelloise soutient que l’autonomie est la solution la plus crédible et pragmatique.

Elle ne rompt pas avec la légalité internationale, mais capitalise sur la dynamique de terrain et le consensus croissant autour d’un compromis durable sous souveraineté marocaine.

Conclusion : le Maroc avance doucement, mais sûrement, dans l’espace européen

Loin des effets d’annonce, le Royaume semble marquer des points dans la diplomatie silencieuse de proximité. En s’ancrant dans les priorités économiques et sécuritaires de l’Europe, il transforme le Sahara d’un espace de litige en espace d’opportunités partagées.

Reste à savoir :

  • Cette initiative bruxelloise ouvrira-t-elle la voie à d’autres régions européennes ?

  • La Belgique fédérale accompagnera-t-elle ce tournant ou restera-t-elle prudente face aux pressions diplomatiques ?

En attendant, le Maroc gagne la bataille de la crédibilité, avec le langage universel des intérêts bien compris.

Articles connexes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Les plus lus

Recent Comments