Alors que les répercussions de la décision du ministère de l’Intérieur marocain de relever les Walis des régions de Marrakech-Safi et de Fès-Meknès continuent de se faire sentir dans le paysage administratif et politique, suite à leur non-respect de l’injonction royale d’abandonner le sacrifice des moutons cette année, le débat s’est étendu à une autre personnalité : Omar El Founti, connu sous le nom de « Omar Dodouh », attaché au ministère de l’Intérieur et principalement connu pour sa gestion des affaires liées au pèlerinage des Marocains de la ville occupée de Melilla.
Yahya Yahya, ancien parlementaire et ex-président de la commune de Beni Ansar, a adressé de vives critiques à Dodouh, l’accusant de comportements provocateurs et d’abus graves lors des cérémonies d’au revoir des pèlerins de Melilla en partance pour les Lieux Saints via la ville de Nador.
Selon Yahya, cet agent de l’État aurait transformé le rite du pèlerinage en une occasion de promotion personnelle, en dépit des efforts constants de l’État marocain à assurer depuis des décennies un accompagnement spécial aux groupes de pèlerins de Melilla. Yahya a dénoncé les déclarations populistes de Dodouh, qui ne sont pas dignes d’un représentant du ministère de l’Intérieur, rappelant également ses prises de position passées où il affichait ostensiblement sa loyauté envers l’Espagne et son appartenance au Parti socialiste de Melilla.
Le communiqué de Yahya ne s’est pas limité à ces reproches. Il a vivement contesté la déclaration de Dodouh devant les pèlerins, dans laquelle ce dernier affirmait être « le premier à exprimer publiquement son soutien à la cause palestinienne ». Yahya a estimé que cette affirmation omettait volontairement le riche historique marocain en défense de cette cause juste, depuis le Roi Hassan II jusqu’au Roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods, qui porte haut le dossier palestinien sur la scène internationale.
Dans une déclaration à Hespress, Yahya a souligné que les propos tenus par l’agent du « ministère de Laftit » portent atteinte aux rôles profonds de l’émirat des croyants, insistant sur le fait que le Roi Mohammed VI est l’émir de tous les croyants, y compris les Marocains de Melilla occupée. Il a rappelé à cet égard les louanges adressées par l’Association des musulmans de cette ville sous domination espagnole, saluant l’appel royal à renoncer au sacrifice du mouton cette année et leur engagement à appliquer cette directive sur place.
Ce n’est pas la première fois que la personnalité d’Omar El Founti fait polémique. En mai 2011, il avait défrayé la chronique dans la presse espagnole en refusant de quitter Melilla lors des élections, exigeant un appel direct du Roi Mohammed VI avant de se soumettre à la décision du ministre de l’Intérieur de l’époque, Mohamed Taib Cherkaoui.
Selon le journal espagnol El País, le gouvernement espagnol dirigé par José Luis Rodríguez Zapatero avait déposé une plainte auprès de Rabat, accusant Dodouh de servir une agenda partisan au détriment d’autres factions dans la ville occupée. Le même média révélait que le ministère de l’Intérieur marocain avait demandé à El Founti de retourner à Rabat, mais qu’il avait interrompu la communication en déclarant : « Je ne bougerai pas sans un appel personnel du Roi Mohammed VI ». Plus tard, il quitta effectivement Melilla, le 10 mai de la même année, alimentant les spéculations sur une possible « communication royale » qu’il aurait reçue.
En 2020, son nom refit surface lorsque le conseil communal de Beni Ansar décida de donner le nom « Omar Ben Dodouh » à une rue menant à la porte de Melilla, sans que le ministère de l’Intérieur, en tant qu’autorité de tutelle des collectivités territoriales, ne s’oppose à cette initiative associant un espace public à un fonctionnaire encore en activité au sein du ministère.
Yahya Yahya, fondateur et ancien président de la Commission nationale pour la libération de Ceuta et Melilla, et ex-président de la Commission d’amitié maroco-espagnole au Conseil des conseillers, a rappelé à Hespress que « toucher aux rôles de l’émirat des croyants est une ligne rouge qui ne peut être interprétée à sa guise ». Il a conclu en insistant sur la nécessité d’appliquer le principe de responsabilité et de sanction, ainsi que de garantir que ces situations ne se reproduisent pas.