mardi, décembre 2, 2025
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Le Ministère de la Santé protège-t-il les lobbys ? Bouanou ouvre un dossier lourd et demande une commission d’enquête

Bouanou pousse les questions à leur maximum : qui décide de la politique du médicament ? L’intérêt général ou les lobbys ?

Dans la scène politique marocaine, toutes les interventions ne se valent pas. Certaines passent comme une brève sans impact, tandis que d’autres se transforment en sirène d’alarme, révélant ce qui est plus profond et touchant au cœur de la gestion des affaires publiques. L’intervention d’Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement, appartient clairement à la deuxième catégorie.

L’homme ne s’est pas contenté de critiquer un marché de médicaments ou de remettre en question une procédure administrative ; il a placé le ministère de la Santé et le gouvernement dans son ensemble face à de lourdes accusations relatives à des conflits d’intérêts, à l’abus de pouvoir, et à l’existence de sociétés liées à des membres du gouvernement bénéficiant de marchés sensibles dans un secteur où l’erreur est interdite.

Communiqué du ministère de la Santé… réponse ou tentative d’éteindre l’incendie ?

Le ministère de la Santé a publié un communiqué nocturne qui, selon Bouanou, ressemblait davantage à un “exercice de style” qu’à une réponse officielle. Le communiqué n’a pas nié de manière explicite le fait que le ministre concerné ait pu tirer profit de ces opérations, et n’a présenté ni documents, ni données, ni procédures, ni clarifications techniques capables de dissiper les doutes.

En termes journalistiques : un communiqué sans substance.

Dès lors, la question devient légitime : L’objectif du communiqué était-il d’éclairer l’opinion publique… ou de la maintenir dans le flou ?

Le timing… un autre langage politique

Bouanou a insisté avec professionnalisme politique sur la question du timing. Le ministère a choisi minuit pour publier son texte, alors que le Parlement était plongé dans l’étude des amendements à la loi de finances. Pour lui, le moment choisi constitue un “message suspect”, porteur d’une volonté de pression sur le Parlement ou, au minimum, de perturber le débat public sur les marchés du secteur de la santé.

D’où une question supplémentaire : Pourquoi un sujet aussi sensible est-il traité avec une logique de “communiqués nocturnes” au lieu d’être mis sur la table avec clarté et responsabilité ?

ATU… un sigle opaque souvent répété mais rarement expliqué

L’un des points les plus sensibles soulevés par Bouanou concerne les Autorisations Temporaires d’Utilisation (ATU), une procédure dont seuls quelques initiés maîtrisent les détails, mais qui serait – selon lui – utilisée “de manière intensive et inédite”.

Bouanou réclame la publication de la liste des entreprises bénéficiaires et l’identité de leurs propriétaires, une demande qui semble des plus naturelles dans un pays qui revendique la transparence.

D’où les questions journalistiques indispensables :

  • Qui bénéficie exactement du système des ATU ?

  • Y a-t-il une convergence entre ces bénéfices et les intérêts de responsables gouvernementaux ?

  • Quelles sont les procédures d’attribution ? Qui les contrôle ?

  • Et ce système est-il devenu une porte dérobée pour introduire certains médicaments sans passer par les voies normales ?

Le médicament chinois… l’histoire qui a mis le feu aux poudres

L’affaire au cœur du débat réside dans la déclaration de Bouanou selon laquelle le ministre de la Santé aurait attribué un marché pour un médicament importé de Chine au profit d’une entreprise appartenant à un autre ministre du gouvernement (Barada), avant que le médicament ne soit retiré du marché en raison d’informations “incompréhensibles en langue chinoise”.

L’affaire ne ressemble pas à une simple “erreur technique”… mais plutôt à une entrée possible vers la compréhension d’un réseau d’intérêts économiques au sein même du gouvernement.

Question logique :Comment un marché de médicaments peut-il être attribué à une entreprise détenue par un membre du gouvernement sans déclencher une alerte de contrôle ni une objection administrative ?

Et si le ministère assure qu’“aucun privilège n’a été accordé”, pourquoi ne publie-t-il pas les preuves de ses affirmations ?

La dimension politique… une confrontation directe avec le pouvoir

Bouanou ne critique pas seulement un secteur ; il affronte une logique politique qui considère les conflits d’intérêts comme “normaux” et les réduit à du simple bruit électoral.

Sa déclaration selon laquelle le ministère est devenu “le porte-parole des lobbys” n’est pas une phrase anodine : c’est l’accusation que la décision sanitaire est soumise à la pression économique plutôt qu’aux critères de qualité et de service public.

Ainsi surgissent les grandes questions politiques :

  • Sommes-nous face à une crise de gouvernance sanitaire ou à une crise de confiance politique ?

  • La majorité acceptera-t-elle la création d’une commission d’enquête parlementaire ?

  • Et si elle refuse, que signifiera ce refus aux yeux de l’opinion publique ?

  • Le Parlement deviendra-t-il un espace pour étouffer les voix gênantes au lieu de révéler la vérité ?

Conclusion journalistique, non politique

Les déclarations de Bouanou — qu’on les approuve ou qu’on les conteste — ont poussé un dossier sensible vers la lumière et placé le ministère de la Santé face à son obligation de transparence. Dans un pays confronté à la fragilité du système sanitaire et au coût élevé des soins, toute interrogation sur un potentiel conflit d’intérêts devient une affaire d’intérêt général.

La vraie question n’est plus : Bouanou a-t-il exagéré ?
Mais :Pourquoi le ministère n’a-t-il pas fourni de preuves claires réfutant ses propos ?

En attendant cette réponse, le dossier reste ouvert…
et les questions de transparence suspendues au cou de la politique.

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