mardi, décembre 2, 2025
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Entre promesses de soutien et faillites en série… Le fonds d’investissement est-il devenu le miroir de l’échec de la relance des très petites entreprises au Maroc ?

Malgré les promesses répétées du gouvernement d’injecter plus de 1,4 milliard de dollars pour soutenir l’emploi et l’entrepreneuriat, les chiffres révèlent une tout autre réalité : plus de 33 000 start-ups ont fait faillite en 2024, et les prévisions annoncent que le nombre dépassera 40 000 d’ici la fin de l’année.

Sommes-nous face à une crise passagère ou à un modèle économique qui s’effondre en silence ?

Le communiqué de presse de la Confédération marocaine des très petites, petites et moyennes entreprises (CMTPME), riche en données et en chiffres précis, met en lumière l’ampleur des difficultés rencontrées par cette catégorie essentielle du tissu économique national.
Ce qui suit est une lecture journalistique et analytique de ce document, visant à dépasser la simple information pour poser les vraies questions et nourrir le débat public sur les politiques économiques au Maroc.

Le rêve de l’entrepreneuriat… devenu cauchemar administratif

Depuis plusieurs années, le gouvernement mise sur le discours de “l’encouragement du jeune entrepreneur” et du “soutien aux PME”.

Mais derrière cette rhétorique séduisante, des milliers de porteurs de projets vivent un cauchemar silencieux, pris entre les banques et les impôts.Selon une étude de l’Agence marocaine des PME, 90 % de ces entreprises peinent à obtenir un financement en raison de critères bancaires trop stricts, tandis que 76 % considèrent les charges fiscales et sociales comme insoutenables.

Face à cette asphyxie, les nouveaux programmes publics censés relancer le tissu entrepreneurial suscitent scepticisme et désillusion.

Le fonds d’investissement : nouvel espoir ou miroir de l’exclusion ?

Un nouveau fonds d’investissement a été lancé, officiellement dédié aux petites et moyennes entreprises.

Mais en réalité, il reste hors de portée des très petites entreprises (TPE), qui représentent pourtant 98,4 % du tissu économique marocain et emploient plus de 83 % de la main-d’œuvre nationale.

Peut-on vraiment parler d’un mécanisme de soutien, ou s’agit-il d’une mesure symbolique qui oublie les plus fragiles ?

Des conditions d’accès qui interrogent la justice économique

L’exigence d’un investissement minimum d’un million de dirhams pour bénéficier du fonds exclut de fait 99,99 % des TPE.

Comment une unité artisanale ou une microentreprise pourrait-elle mobiliser une telle somme ? Et où sont les garanties bancaires adaptées à la réalité du terrain ?
Même les programmes publics comme Tamwilcom n’ont pas encore atteint les objectifs fixés.

Le secteur informel : un concurrent sans règles

Dans cette confusion, le secteur informel prospère. Des centaines de milliers de travailleurs opèrent en dehors de tout cadre légal ou fiscal.

Résultat : une concurrence déloyale qui fragilise encore davantage les entreprises structurées et vide le marché de sa confiance. Comment un entrepreneur déclarant ses employés et payant ses impôts peut-il rivaliser avec ceux qui échappent à toute obligation ?

Un discours gouvernemental déconnecté du terrain

Lors du lancement du fonds à Errachidia, le chef du gouvernement a affirmé que “l’accès au financement bancaire pour les TPE est désormais plus facile” — une déclaration jugée en décalage total avec la réalité par de nombreux acteurs économiques.

Les décideurs sont-ils réellement conscients des obstacles quotidiens que rencontrent les jeunes entrepreneurs ?
La confiance économique peut-elle se bâtir sur des discours sans solutions concrètes ?

Pression fiscale : l’étranglement silencieux des petites entreprises

Le projet de loi de finances 2026 double la fiscalité sur ces entreprises, passant de 10 % à 20 %, les plaçant au même niveau que les grandes sociétés bénéficiant pourtant d’avantages multiples.

Peut-on appeler cela une “réforme fiscale” ? Ou s’agit-il d’une politique de nivellement par le haut, qui ignore totalement la fragilité de ces structures ?

Une colère sociale qui gronde

Entre les mobilisations des jeunes (#GenZ212) et le mécontentement croissant des petits entrepreneurs, les signes de tension sociale se multiplient.

Lorsqu’une majorité économique est écartée du soutien public et des décisions stratégiques, la rue devient le dernier espace d’expression. Sommes-nous à l’aube d’un mouvement national des très petites entreprises ?

Le gouvernement peut-il se permettre d’ignorer plus longtemps cette voix économique devenue sociale ?

Pour une gouvernance et des réformes réelles

La CMTPME ne se contente pas de critiquer : elle avance des propositions concrètes :

  • Réviser les conditions du fonds afin qu’il soit réellement accessible aux petites entreprises.

  • Créer une banque publique dédiée aux TPE, à l’image de Bpifrance.

  • Mettre en place une fiscalité progressive et équitable.

  • Ouvrir un véritable dialogue national incluant les acteurs de terrain.

Conclusion : entre discours et réalité

Qu’est-ce qui empêche le gouvernement d’écouter la voix qui représente 98 % du tissu économique marocain ?

Existe-t-il une volonté politique réelle de corriger les déséquilibres économiques, ou la priorité reste-t-elle donnée au grand capital ? Combien de temps encore les très petites entreprises resteront-elles les grandes oubliées des politiques publiques ?

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