mardi, décembre 2, 2025
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Génération du doute et de la confiance perdue : quand Ouzzine s’adresse à la Génération Z marocaine au nom de l’État et de la société

À un moment charnière de l’histoire du Maroc, où le désenchantement politique se mêle aux espoirs d’une génération en quête de sens, Mohamed Ouzzine, secrétaire général du Parti du Mouvement Populaire et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, choisit de s’adresser à la génération Z sur Instagram.

Un geste rare dans le paysage politique marocain, qui traduit à la fois un besoin de renouer le dialogue et une volonté de reconquérir un public longtemps oublié : les jeunes.

Dès les premières phrases, Ouzzine admet la diversité des réactions à son discours : certains l’ont compris, d’autres l’ont mis en doute, d’autres encore l’ont rejeté.

Cette pluralité traduit une réalité plus profonde : une crise de confiance généralisée qui dépasse les générations et touche l’ensemble de la société marocaine.La question n’est plus de savoir pourquoi les jeunes se désintéressent de la politique, mais pourquoi les institutions ne parviennent plus à susciter leur confiance.

Ouzzine évoque les protestations sociales récentes, notamment celles des enseignants ou des jeunes manifestants qui ont choisi de s’adresser directement au roi, court-circuitant les partis et le gouvernement.

Un geste symbolique qui révèle la rupture entre le citoyen et les médiations politiques traditionnelles.En soulignant la réactivité du souverain et l’ancrage du discours royal dans la justice sociale, Ouzzine rappelle que la monarchie demeure un moteur de réforme, à condition que ses orientations trouvent écho dans les politiques publiques.

Mais le cœur du message dépasse la simple observation : Ouzzine appelle la jeunesse à passer de la rue aux institutions.Il affirme que le véritable changement naît de l’intérieur — dans les partis, dans les structures politiques, au sein même des institutions.
Pour lui, la rue exprime la colère, mais la politique transforme la réalité.

Pourtant, le paradoxe est évident :Les partis qu’il invite les jeunes à rejoindre sont-ils réellement prêts à les accueillir ?La plupart des partis marocains fonctionnent selon des logiques fermées, contrôlées par des élites anciennes peu enclines à céder leur place.
Le jeune qui s’y engage doit souvent lutter pour exister, affronter des résistances invisibles — celles de la hiérarchie, des loyautés et d’une culture politique figée.
Les postes de responsabilité sont rarement attribués au mérite, mais à la fidélité.

C’est là la contradiction fondamentale du discours d’Ouzzine : il appelle à l’ouverture d’un monde qui reste clos.Car s’engager dans un parti au Maroc, c’est souvent affronter un système qui se protège du changement.Dès lors, comment transformer une structure qui ne permet pas encore l’inclusion ?Et comment espérer une régénération politique sans réforme interne des partis eux-mêmes ?

Des études récentes soulignent d’ailleurs le vieillissement des structures partisanes et la faiblesse du renouvellement générationnel.Face à cela, une partie de la jeunesse préfère créer d’autres formes d’engagement : associations, plateformes numériques, initiatives locales — des espaces jugés plus sincères et plus libres.

Malgré tout, Ouzzine persiste à croire au changement « par l’intérieur ».« Si vous pensez que les partis sont corrompus, entrez-y et purifiez-les », dit-il.Une phrase forte, presque utopique, qui traduit la tension entre idéal et réalité.Mais comment changer une maison dont on ne possède pas encore les clés ?

Ce discours, empreint de réalisme et d’optimisme, s’inscrit dans une continuité historique : celle d’un Maroc qui, de Mohammed V à Hassan II, et aujourd’hui Mohammed VI, cherche à unir leadership et participation citoyenne.

Ouzzine évoque aussi les succès des jeunes sportifs marocains, de l’équipe nationale aux champions internationaux, pour rappeler que le talent et la passion existent déjà — il ne manque que la confiance.

Mais la question demeure : les réussites sportives peuvent-elles inspirer un renouveau politique ?Peut-être. Car, comme le football, la politique demande engagement, discipline et amour du collectif.

Le discours d’Ouzzine ouvre ainsi plus de questions qu’il n’en ferme :La génération du doute saura-t-elle transformer la méfiance en participation ?Les partis sauront-ils ouvrir leurs portes sans craindre d’être bousculés ?Et, plus profondément, le Maroc saura-t-il transformer son énergie jeune en force politique durable ?

Entre désillusion et espérance, ce dialogue naissant entre l’État et sa jeunesse pourrait bien annoncer un tournant : celui d’un Maroc où la confiance n’est plus un rêve, mais un chantier à reconstruire.

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