Ce dimanche matin, l’artiste Mustapha Solit est décédé à l’hôpital universitaire de Tanger, des suites des brûlures graves qu’il avait subies à la suite d’un attentat odieux à Al Hoceïma. L’annonce officielle a été faite par son médecin, le Dr. Mohamed Lachkar, qui a écrit sur les réseaux sociaux : « Je viens d’apprendre avec une profonde tristesse le décès de notre cher artiste Solit… Que son âme repose en paix et que sa famille, ses amis et ses admirateurs trouvent force et réconfort. »
Ce qui frappe dans cette tragédie, ce n’est pas seulement l’attaque elle-même, mais les dimensions symboliques, sociales et politiques qu’elle révèle. Solit, connu dans le milieu artistique d’Al Hoceïma, n’était pas seulement un talent musical : il représentait la résilience humaine face au handicap et aux défis sociaux. Sa vie, pourtant remplie de courage et de créativité, s’est brutalement interrompue, soulevant des interrogations profondes sur la sécurité, les valeurs et la justice dans notre société.
La scène de l’horreur : un acte sous les yeux des passants
Selon les témoins, l’incident a eu lieu mardi dernier alors que Solit était assis dans un café populaire de la rue Zalaka à Al Hoceïma. Le suspect s’est approché de lui et a commencé une conversation ordinaire, avant de l’emmener dehors et de lui verser un liquide inflammable, en mettant le feu à son corps sous les yeux des passants. Ceux-ci ont tenté de l’éteindre, mais l’embrasement fut rapide. Les services de protection civile l’ont transporté dans un état critique à l’hôpital régional, puis à Tanger, où il est resté en soins intensifs jusqu’à son décès ce matin.
Cette scène choque et soulève plusieurs questions : qu’est-ce qui pousse quelqu’un à commettre un acte d’une telle cruauté ? Comment une société peut-elle faire face à une violation aussi flagrante du droit fondamental à la vie et à la sécurité ? Existe-t-il des mécanismes suffisants pour protéger les personnes vulnérables, notamment celles en situation de handicap ?
Solit… Défier le handicap par l’art et la vie
L’artiste défunt était porteur d’un handicap moteur depuis l’enfance, mais cela ne l’a jamais empêché de s’imposer sur la scène locale par son talent et sa présence humaine exceptionnelle. Sa réussite ne se limitait pas à la musique : elle représentait la volonté de dépasser les limites imposées par le corps et par la société. L’attaque qu’il a subie n’est donc pas seulement physique, elle constitue une atteinte symbolique à la résilience et à l’humanité que représentait Solit.
Les dimensions sociales et politiques de l’attaque
L’incident a provoqué une vague de colère et de compassion, non seulement sur les réseaux sociaux, mais dans l’ensemble de l’opinion publique nationale. Ce drame révèle les failles dans la sécurité publique et la protection légale, et questionne la capacité des institutions à protéger la vie des citoyens, surtout les plus vulnérables.
Les enquêtes judiciaires ont été rapidement ouvertes, le suspect placé en garde à vue, tandis que les investigations se poursuivent pour déterminer les motivations et les circonstances complètes de ce crime. Mais une question plus profonde demeure : une enquête judiciaire seule suffit-elle ? Ou existe-t-il une nécessité de repenser la culture de la sécurité, la sensibilisation sociale et le rôle du droit dans la protection des groupes vulnérables ?
Deuil collectif et solidarité artistique
La mort de Solit rappelle également le rôle unificateur de l’art et son impact émotionnel sur la société. Des photos et vidéos de l’artiste en pleine performance ont circulé sur les réseaux sociaux, témoignant de la tristesse et de l’indignation du public. Cela pose une question importante : une réaction symbolique et émotionnelle est-elle suffisante, ou faut-il qu’elle se traduise par des actions concrètes pour renforcer la justice sociale et les valeurs humaines ?
Une réflexion éthique et humaine
La disparition de Solit confronte la société à un dilemme moral et collectif : comment garantir la dignité et la vie des individus, en particulier ceux qui vivent avec un handicap ou dans une situation de vulnérabilité ? Quel message cette tragédie envoie-t-elle à la jeunesse ? Comment la culture et la loi peuvent-elles agir de concert pour créer un bouclier contre la violence et l’injustice ?
Parler de Solit n’est pas simplement raconter un événement tragique : c’est une invitation à réfléchir sur les valeurs de notre société, la responsabilité de l’État et le rôle des individus dans la protection mutuelle. C’est aussi un rappel que l’art n’est pas uniquement une performance, mais un acte humain porteur de symboles, de résilience et de créativité malgré les obstacles.
Questions ouvertes à la société
-
Que peut-on faire pour garantir la protection des artistes et des personnes vulnérables dans les espaces publics et professionnels ?
-
Comment les médias et la société civile peuvent-ils contribuer à prévenir de telles violences avant qu’elles ne se produisent ?
-
Faut-il envisager des réformes légales, sociales et culturelles pour protéger la dignité humaine et renforcer le respect de la vie ?
Conclusion
La mort de Mustapha Solit représente une perte artistique et humaine majeure, mais elle agit également comme un signal d’alarme pour la société marocaine : la protection juridique seule ne suffit pas. Il faut éduquer à l’empathie, défendre les vulnérables et promouvoir des valeurs de solidarité. Solit a vécu en défiant son handicap ; sa fin tragique nous pousse à réfléchir sur notre sécurité, notre humanité et notre responsabilité morale envers les autres.



