vendredi, octobre 3, 2025
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« Quand les politiciens se taisent… les balles parlent : le Maroc face au soulèvement de la génération Z »

Il y a seulement six jours, le printemps de l’automne lancé par la génération Z a plongé le Maroc dans un moment inédit depuis plus de trois décennies : trois citoyens ont été tués par des tirs de la Gendarmerie royale. Un événement qui rappelle douloureusement les manifestations de 1991.

Premier choc : la mort par balles

Les Marocains n’avaient pas entendu le son des balles face à des manifestants depuis 34 ans. Peu importe le récit officiel évoquant « un rapprochement du siège de la Gendarmerie » et la nécessité de « défendre armes et biens » : la mort de trois citoyens par les forces de l’ordre pose une question fondamentale : l’échec de la politique a-t-il conduit l’État à cette extrémité ?

Ce n’est pas un incident isolé, mais un tournant historique dans la relation entre l’État et la société.

Deuxième choc : violence du terrain et de l’État

En l’espace d’une semaine, plus de 24 villes et provinces ont été touchées par des débordements, selon le ministère de l’Intérieur, affectant 80 % des services publics et agences bancaires.
Mais si la colère du terrain est compréhensible, la réaction de l’État ne l’est pas moins : tirs, arrestations massives et dispersions coercitives. Une réalité qui soulève la question : s’agit-il d’un contrôle sécuritaire ou d’un contrat social rompu ?

Quand le chef du gouvernement parle… mais hors du réel

Dans ce contexte, le Premier ministre s’est présenté vêtu de blanc et de chéchias rouges, venu du mausolée de Mohammed V, pour déclarer que son gouvernement est « prêt au dialogue avec la jeunesse au sein des institutions ».
Mais ici réside la contradiction : quelles institutions ? Quels espaces de dialogue ?
Si elles existaient et jouissaient de la confiance des jeunes, les manifestations massives dans 24 villes auraient-elles eu lieu ? Ces mobilisations représentent un vote populaire implicite contre des choix gouvernementaux perçus comme corrompus et inefficaces.

Certains observateurs parlent d’un discours marqué par le “déni de la réalité” (déni de la réalité), un aveuglement face à l’urgence sociale et politique.

Plus inquiétant que les balles : l’absence de diagnostic

La tragédie ne réside pas seulement dans les morts et blessés, mais dans le fait qu’après six jours de crise, l’État n’a pas encore établi un diagnostic clair.
La situation ressemble à celle d’un patient en soins intensifs qui crie de douleur, tandis que les médecins n’ont pas encore identifié la cause de son mal et restent incapables de le traiter efficacement.

Cette incapacité reflète une crise profonde : l’État ne sait pas comment s’adresser à une jeunesse en colère, et cette jeunesse ne comprend pas pourquoi elle est traitée comme des criminels, escortée et dispersée des rues vers les commissariats.

Questions critiques pour le débat public

  • Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas anticipé cette crise alors que les signaux sociaux étaient évidents depuis des années ?

  • Le dialogue institutionnel suffit-il alors que ces institutions ont perdu toute crédibilité auprès de la jeunesse ?

  • Qui porte la responsabilité politique de l’escalade vers les tirs et les victimes ?

  • L’État a-t-il le courage de reconnaître que ce problème est avant tout politique et non seulement sécuritaire ?

Vers une décision courageuse

Les manifestations, les victimes et l’agitation dans la rue ne sont pas des crises passagères mais un test majeur pour l’État marocain.
Le constat est clair : une crise de confiance, une crise institutionnelle, et un dialogue absent.
Selon de nombreux observateurs, seul un décision politique courageuse au plus haut niveau de l’État peut ramener la politique à sa fonction naturelle : résoudre les conflits sans que les balles ne deviennent le langage du désaccord.


✦ La leçon est nette : ce que nous vivons n’est pas un simple désordre ou des troubles marginaux. C’est un véritable examen de la capacité du Maroc à renouveler son contrat social avec sa jeunesse.
La question fondamentale que se posent aujourd’hui les Marocains : le pays peut-il ouvrir une nouvelle page politique avant que la rue ne referme la sienne dans le sang ?

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