Le parti au pouvoir écoute-t-il réellement la Génération Z ou cherche-t-il seulement à la contenir ?
Le bureau politique du Rassemblement National des Indépendants (RNI), chef de la majorité gouvernementale, a publié un communiqué à l’issue de sa réunion du mercredi 1er octobre 2025 à Rabat. Un texte qui, en apparence, se veut compréhensif face à la colère des jeunes et à leurs protestations, mais qui, dans son fond, laisse de grandes zones d’ombre et soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
Un langage de « dialogue »… sans contenu concret
Le communiqué multiplie les mots rassurants : « interaction », « écoute », « débat ». Comme si le parti voulait envoyer un signal d’apaisement à la rue : nous vous entendons. Mais la vraie question est ailleurs : l’écoute suffit-elle ? La Génération Z, qui occupe les places publiques et les espaces numériques, ne cherche pas des mots mais des décisions. Chômage persistant, flambée des prix, système éducatif en crise, justice sociale absente… autant de réalités que les jeunes connaissent mieux que les responsables politiques.
La sécurité mise en avant
Au-delà du registre du dialogue, le communiqué prend soin de saluer « l’approche équilibrée » des forces de l’ordre. Un message qui interroge : veut-on dire que la sécurité prime sur les revendications ? Ou s’agit-il d’un signal adressé à l’État pour montrer que la majorité reste alignée sur la logique du contrôle plus que sur celle de la réforme ? Une ambiguïté qui pourrait être perçue comme une préférence pour la solution sécuritaire plutôt que pour la réponse sociale.
Le réflexe de l’accusation
Dans le même souffle, le RNI accuse « certains acteurs politiques » de vouloir récupérer le mouvement et d’attiser la colère. Ainsi, le cœur du débat glisse des causes sociales profondes vers une bataille politique entre le parti au pouvoir et ses opposants. Mais pour les jeunes protestataires, l’important n’est pas ce duel partisan : leur seule question est claire — qu’est-ce qui va changer dans leur quotidien ?
Une crise de confiance qui se creuse
Au final, le communiqué ressemble davantage à un discours d’apaisement qu’à une véritable prise de responsabilité. Nulle part n’apparaissent des mesures concrètes, aucune annonce d’initiatives urgentes, aucune vision claire pour restaurer la confiance entre l’État et sa jeunesse. Un texte aux formules générales, qui semble davantage destiné à gagner du temps qu’à répondre à une crise aussi profonde que celle que traverse le Maroc aujourd’hui.
Conclusion : acheter du temps, est-ce suffisant ?
La rue marocaine, menée par la Génération Z, n’est plus réceptive aux discours de bonnes intentions. Et malgré ses efforts pour apaiser les esprits, le parti au pouvoir n’apporte, dans ce communiqué, aucun signal fort capable de dissiper le doute. Reste une interrogation centrale : sommes-nous au début d’un véritable tournant vers la réforme par le dialogue, ou simplement face à une nouvelle tentative de temporisation en attendant que la contestation retombe ?
