jeudi, octobre 2, 2025
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Automne de colère au Maroc… la paix sociale en danger

Le Maroc traverse un automne marqué par la colère, la tension et la peur, avec une vague de manifestations sans précédent depuis des années. Ces mouvements se sont étendus de Oujda et Bouamira à Chouka Aït Baha, Inzegane, Tamara, Guelmim, Nador et Tiznit, jusqu’à Casablanca et Rabat. Les scènes d’intrusion dans des centres commerciaux comme « Marjane », d’incendie de voitures et de biens publics et privés choquent l’opinion publique et posent de sérieuses questions sur l’avenir de la paix sociale dans le pays.

Le communiqué du ministère de l’Intérieur fait état de 263 membres des forces publiques blessés de gravité variable, et de 23 manifestants également touchés, dont un nécessitant un suivi médical à Oujda. 142 véhicules des forces de l’ordre et 20 voitures privées ont été endommagés. Ces chiffres témoignent de l’ampleur de l’explosion sociale et placent l’État face à un test majeur de sa capacité à gérer une crise de confiance profonde entre le peuple et le gouvernement.

Une crise de confiance et une nouvelle génération dans la rue

Après quatre jours de manifestations, le gouvernement n’a toujours pas fourni de réponse politique concrète, se limitant à une approche sécuritaire. L’État semble sous-estimer la gravité de la situation, s’appuyant sur l’expérience de 2011, pensant que l’attente et la gestion du stress suffiraient. Mais aujourd’hui, la donne a changé : une génération entière, née dans un monde numérique et confrontée à de multiples crises économiques et sociales, est plus prête à agir et à prendre des risques que les générations précédentes.

Le cri d’un jeune à Casablanca résume ce changement : « Vous pensez que nous sommes comme nos parents, que vous avez opprimés ? Nous ne resterons pas silencieux. » Ce “génération du changement” porte en elle le désir profond de laisser une trace durable dans l’histoire du Maroc.

Entre pacifisme et dérive vers la violence

Le mouvement actuel fait face à un double défi : le désir des jeunes de manifester pacifiquement, contre la dérive de certains vers la violence et le vandalisme. Ces dérapages, bien qu’inacceptables, reflètent la nature non encadrée de ces mouvements, où l’intervention policière seule ne suffit pas à contenir ceux qui portent une cause juste ou un sentiment d’injustice.

Par ailleurs, l’obstination de l’État à interdire les manifestations pacifiques, et la mise en examen de dizaines de jeunes, renforcent l’impression que les autorités ne sont pas prêtes à proposer des solutions politiques ou sociales. Toute action dans la rue est perçue comme un « bras de fer ».

Les slogans révèlent une crise profonde

Le slogan « Le peuple veut faire tomber la corruption » dépasse le simple cri de protestation : il s’adresse directement au chef du gouvernement et à une large frange des hommes d’affaires liés au Parlement. Il exprime un ressentiment accumulé, ignoré par l’État, qui se retrouve face à une nouvelle réalité : une génération inconnue des autorités, difficile à contrôler par les méthodes traditionnelles, refusant de céder aux anciennes stratégies de répression.

Quelle voie à suivre ?

Le temps presse, et la jeunesse est déterminée à ne pas rentrer chez elle les mains vides. L’État détient la clé du règlement, soit par un dialogue politique sérieux, soit par des mesures de réforme. Peut-être l’option la plus forte : la dissolution du gouvernement et la convocation d’élections anticipées, comme le montrent certaines expériences internationales. En France, par exemple, sept Premiers ministres ont été remplacés en huit ans (2017-2025).

Ainsi, l’automne marocain n’est pas une étape passagère, mais un test de la capacité de l’État à répondre à une génération nouvelle, équipée d’outils de pression, de conscience et de capacité à agir collectivement, dans un monde numérique connecté. Le choix est clair : transformer cette colère en force de réforme pacifique, ou laisser la situation déraper vers une violence incontrôlable.

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