Mohamed Ouzzine, secrétaire général du Parti du Mouvement Populaire et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, a publié un article intitulé « Dans les cauchemars et les divagations des dirigeants voisins », qui a suscité de nombreux débats dans la sphère politique et médiatique. Dans cet article, Ouzzine réagit directement aux tentatives de certains médias algériens de présenter les récentes manifestations sociales au Maroc comme une « révolution interne » menaçant la stabilité du pays. À travers un langage chargé d’images et de métaphores, il tente de décrire l’obsession et les « cauchemars » que vit le régime algérien chaque fois qu’un mouvement social émerge au Maroc.
Ce texte ne constitue pas une republication de l’article d’Ouzzine, mais plutôt une lecture analytique, en décryptant sa langue et en mettant en évidence les messages politiques implicites et explicites. Cette analyse relie le discours d’Ouzzine au contexte plus large des relations géopolitiques maghrébines, où médias et discours officiels sont parfois des instruments d’un conflit ouvert plutôt qu’un simple débat politique.
Ouzzine et le langage chargé d’images
Dès les premières lignes, Ouzzine adopte un langage très fort, proche de la satire politique, parlant des « cauchemars » et des « divagations » du régime algérien. Selon Ouzzine, ce choix de langage reflète une réalité inquiétante vécue par les dirigeants algériens : une peur chronique du Maroc et une obsession quasi pathologique pour tout ce qui s’y passe, même pour les manifestations sociales les plus limitées.
Cette approche soulève une question : Ouzzine cherche-t-il à exprimer une position politique partisane, ou à se positionner comme « écrivain résistant » face à la propagande médiatique ? L’analyse suggère que l’article combine les deux dimensions, utilisant la force des images pour frapper l’esprit du lecteur tout en défendant une posture politique.
Les médias algériens comme instrument de divagation
Ouzzine souligne que certaines chaînes algériennes, officielles ou semi-officielles, amplifient chaque événement social au Maroc et le présentent comme un « effondrement du régime » ou « le début d’une révolution de rue ». Ouzzine qualifie ce comportement de « divagation collective », et estime que les médias algériens vivent davantage au rythme du Maroc qu’au leur propre.
L’analyse révèle deux aspects :
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Ouzzine dénonce la projection politique utilisée par l’Algérie : ses échecs internes sont systématiquement reportés sur le Maroc pour masquer ses propres difficultés.
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Pour les médias algériens, le Maroc n’est pas simplement un voisin, mais un miroir où le régime voit ses propres échecs.
Ouzzine et les manifestations sociales au Maroc
Ouzzine reconnaît l’existence de mouvements sociaux au Maroc, mais les qualifie de naturels dans un contexte démocratique. Selon lui, ces manifestations restent limitées à des revendications sociales et économiques, sans rapport avec des tentatives de « renversement du régime » comme le prétendent certains médias.
Cette perspective montre deux points clés :
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Le Maroc dispose d’un espace de liberté permettant des manifestations publiques sans que cela menace la stabilité de l’État.
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La différence entre le Maroc et l’Algérie réside dans la gestion de ces dynamiques sociales : le Maroc sait intégrer ces mouvements dans le cadre légal, tandis que l’Algérie les perçoit toujours comme une menace existentielle.
Entre ironie et sérieux
Ouzzine utilise également une ironie mordante, parlant des « cauchemars des généraux » et des « divagations » des médias algériens. Cette ironie sert de défense offensive : elle protège l’image du Maroc tout en attaquant celle du régime algérien.
Derrière l’humour se cache une gravité : Ouzzine rappelle que la relation entre les deux pays n’est plus un simple affrontement politique, mais qu’elle est teintée d’une obsession maladive de l’Algérie pour le Maroc.
Le Maroc comme complexe existentiel pour l’Algérie
Ouzzine affirme que le Maroc est devenu un « complexe existentiel » pour le régime algérien. Chaque avancée marocaine en matière de réformes, de développement ou de diplomatie est perçue comme une menace.
L’analyse montre que ce complexe n’est pas qu’une question de rivalité, mais le résultat d’un long passé d’échecs à construire un modèle politique et économique performant. Au lieu de se concentrer sur ses propres défis, l’Algérie reste obsédée par l’image et le succès du Maroc.
La langue d’Ouzzine : politique et littéraire
Il est notable qu’Ouzzine combine langue politique directe et figures littéraires. Il ne se contente pas de dire que l’Algérie exploite les événements, mais il ajoute des images comme « cauchemars » et « folie ». Cette combinaison donne à l’article une dimension mobilisatrice, s’adressant non seulement aux élites politiques mais aussi au grand public.
Ainsi, l’article n’est pas seulement une réponse à la propagande algérienne, mais aussi un message interne au public marocain : tout ce qui se dit à l’extérieur n’est que « rêves malades » et n’affecte pas la réalité nationale.
De la réaction à la construction d’un discours alternatif
L’article d’Ouzzine apparaît comme une réaction directe aux médias algériens, mais sa valeur analytique réside dans sa tentative de construire un discours alternatif : le Maroc ne craint pas les manifestations sociales ; c’est l’Algérie qui vit dans un « état de divagation » dû à son obsession pour le Maroc.
Ouzzine renverse ainsi la perspective : au lieu de montrer le Maroc comme vulnérable, il montre l’Algérie comme en crise psychologique et symbolique.
Implications politiques de l’article
Au-delà de l’humour et de la satire, l’article véhicule des messages politiques clairs :
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Le Maroc est stable et capable de gérer ses mouvements sociaux.
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L’Algérie utilise le Maroc comme « bouc émissaire » pour ses propres crises.
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Le public marocain doit lire les événements sociaux dans leur contexte réel et non à travers le prisme de la propagande étrangère.
Dimension géopolitique
L’analyse élargie montre que l’article reflète un conflit géopolitique plus large. L’Algérie, qui a perdu du terrain diplomatiquement face au Maroc, n’a plus que la « guerre médiatique » comme moyen de contrepoids. Ouzzine, en tant que leader politique, souligne que cette bataille n’est pas un simple affrontement médiatique, mais un enjeu de légitimité et d’influence régionale.
Conclusion
L’article de Mohamed Ouzzine « Dans les cauchemars et les divagations des dirigeants voisins » n’est pas seulement une réponse ironique aux médias algériens ; il constitue un discours politique et symbolique à part entière. Il met en lumière la peur pathologique que le régime algérien entretient à l’égard du Maroc, tout en affirmant que le Maroc maîtrise ses dynamiques sociales et politiques.
Plus encore, il illustre un tournant dans le discours marocain face à l’Algérie : passer de la défense à l’attaque symbolique, et transformer une posture de justification en une stratégie de mise en avant de la stabilité et de la légitimité du Royaume.