jeudi, octobre 2, 2025
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Le Maroc entre deux vitesses : lecture analytique indépendante des idées du Dr. Hassan Abyaba

Selon le Dr. Hassan Abyaba, professeur universitaire et ancien ministre, l’observation de l’histoire politique et sociale des peuples démontre que le changement est une composante intrinsèque de la dynamique des sociétés. Les mutations économiques et sociales, qui apparaissent à différents moments, imposent souvent une reconfiguration des priorités et poussent certaines catégories sociales à revendiquer leurs droits fondamentaux. Pour Abyaba, ce mouvement n’est ni une crise ni une exception, mais un signe de vitalité de la société et de sa capacité à suivre les besoins quotidiens, un phénomène observable au Maroc comme en France ou en Espagne, où l’expression des demandes sociales fait partie de la vie politique normale.

Le Dr. Abyaba souligne également que la mobilisation des jeunes, en particulier de la génération Z, pour exprimer leurs revendications, ne signifie pas que le Maroc traverse une situation anormale comme certains adversaires de l’intérieur et de l’extérieur tentent de le faire croire. Il insiste au contraire sur le fait que l’État reste garant de l’ordre public, conformément à la loi, à l’instar des démocraties avancées où la liberté d’expression coexiste avec la nécessité de maintenir la stabilité. Abyaba rappelle ici l’adage : « prévenir la corruption prime sur la recherche de l’intérêt », illustrant le fait que la liberté d’expression est protégée, mais qu’elle doit rester encadrée par des mécanismes juridiques et constitutionnels.

Dans cette logique, Abyaba estime que la véritable voie du changement passe par les mécanismes démocratiques inscrits dans la Constitution, en particulier les élections et la participation active des jeunes aux institutions élues. Il ne s’agit pas seulement de protester, mais aussi d’investir l’espace institutionnel pour contribuer directement à la gestion des affaires publiques.

Le Maroc à deux vitesses

L’analyse du Dr. Hassan Abyaba met en avant un diagnostic central contenu dans le discours du Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône 2025 : le Maroc progresse à deux vitesses. La première, rapide, concerne les grands projets structurants, les infrastructures et les orientations économiques stratégiques, reconnues aussi bien au niveau national qu’international. La seconde, plus lente, est liée au développement humain, notamment dans certaines zones encore fragiles.

Selon Abyaba, cette disparité interpelle directement les institutions exécutives, les conseils locaux, les régions, le Parlement, les établissements publics et la société civile. La réduction de cet écart exige une mobilisation globale pour renforcer la dimension humaine du développement, afin d’équilibrer les deux vitesses et de donner plus de cohérence au projet national.

Il rappelle que le Maroc a connu, au cours des 25 dernières années, des avancées notables en matière de développement économique et social. Les transformations visibles dans les cartes urbaines, routières et industrielles, aussi bien dans les villes que dans plusieurs campagnes, en témoignent. Toutefois, ce progrès ne signifie pas que le pays ait atteint la plénitude du développement humain ; il reste engagé dans un processus ascendant, malgré des défis internes et externes persistants.

Le Maroc dans le contexte international

Le Dr. Abyaba s’appuie sur des données de la Banque mondiale pour montrer que près de 80 à 85 % des pays vivent eux aussi à deux vitesses. Même certaines puissances du G20 connaissent ce décalage entre grands projets économiques et développement humain, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Des mouvements de protestation récents en Grande-Bretagne, en Espagne ou en Grèce illustrent que la lenteur du progrès social est une problématique partagée, et non une spécificité marocaine.

Ainsi, l’approche comparative adoptée par Abyaba permet de replacer le Maroc dans un cadre plus large : il n’est pas isolé dans cette dynamique, mais fait partie d’un système mondial où la majorité des États luttent pour réduire cet écart structurel. La question essentielle demeure donc : comment gérer cette dualité pour garantir la stabilité sociale et assurer la durabilité du développement ?

Les mécanismes démocratiques pour renforcer la « seconde vitesse »

Pour Abyaba, la réponse se trouve dans le dialogue et dans le respect des mécanismes constitutionnels. Les expériences internationales montrent que la démocratie ne se réduit pas à la longévité des gouvernements, mais à la capacité des institutions à s’adapter et à évoluer. La France, par exemple, a connu cinq gouvernements en deux ans sans que les institutions cessent de fonctionner. L’Espagne, quant à elle, a procédé à trois reprises à des élections anticipées, tout en garantissant la continuité institutionnelle.

Au Maroc, Abyaba considère que renforcer la « seconde vitesse » suppose :

  • une plus grande participation citoyenne aux élections ;

  • une implication directe de la jeunesse dans la gestion publique ;

  • la lutte contre la corruption administrative et financière ;

  • et la limitation de l’influence des lobbies qui écartent les compétences loyales au profit d’intérêts privés.

Ces leviers démocratiques constituent, selon lui, la clé pour harmoniser le développement économique et le développement humain, et pour bâtir une société plus équilibrée et plus inclusive.

Conclusion : l’urgence d’accélérer la conscience nationale

Le Dr. Hassan Abyaba conclut son analyse en affirmant que le véritable défi pour le Maroc aujourd’hui réside dans l’accélération de la conscience nationale. La compréhension par les citoyens des lois, des enjeux stratégiques et des menaces extérieures, ainsi que leur engagement actif dans la vie démocratique, sont essentiels pour consolider les acquis et assurer un développement durable.

Il insiste sur le rôle central de l’institution monarchique, garante de la stabilité et de la continuité, toujours aux côtés du peuple marocain et de ses constantes nationales. Mais il ajoute que le succès du Maroc dépendra de la capacité collective à faire en sorte que la vitesse de la conscience nationale dépasse la vitesse des seuls projets matériels.

En somme, la pensée du Dr. Hassan Abyaba invite à dépasser la lecture simpliste des mouvements sociaux ou des inégalités territoriales, pour inscrire le Maroc dans une trajectoire de réforme et de consolidation démocratique, fondée sur la participation, la responsabilité et l’adhésion consciente de toutes les composantes de la société.

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