mardi, décembre 2, 2025
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Mariage forcé entre victimes et agresseurs : une plaie qui refuse de cicatriser

Une fois encore, la question du mariage des victimes de viol avec leurs agresseurs refait surface dans le débat public marocain, suite au drame de la jeune Imane à Taza, sauvagement agressée à l’arme blanche par son ex-mari.
Un fait divers tragique, certes, mais qui révèle surtout la persistance d’un système légal et social qui condamne les victimes à subir une double peine : celle de l’agression, puis celle de la contrainte sociale et juridique.

Dans un communiqué, l’Association marocaine des droits des victimes a exprimé son rejet catégorique de cette pratique, appelant à l’adoption d’un texte de loi clair et explicite interdisant définitivement le mariage des victimes avec leurs agresseurs. Sa présidente, Aïcha Kallaâ, a souligné que ces mariages forcés ne conduisent qu’à des drames, comme l’affaire d’Imane, où l’union conjugale se transforme en prolongement du traumatisme initial.

Mais la vraie question demeure : comment un cadre légal censé protéger les victimes peut-il, dans certains cas, prolonger leur souffrance ? Ne s’agit-il pas d’une contradiction flagrante entre le discours officiel sur « l’égalité » et la « protection des femmes », et une réalité qui impose aux victimes de cohabiter avec leurs bourreaux, souvent sous la pression familiale et au nom d’un « honneur » mal compris ?

La militante Rajaa Hmine, membre de l’Association Défi pour l’égalité et la citoyenneté, a insisté de son côté sur la nécessité de réviser la loi 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. Selon elle, ce texte, bien qu’annonciateur de bonnes intentions, reste insuffisant dans sa mise en œuvre, car il ne prévoit pas de mécanismes concrets et efficaces de prise en charge des survivantes.

Au-delà de la loi, c’est la société tout entière qui se retrouve confrontée à une interpellation morale :

  • Continuera-t-on à sacrifier la dignité des victimes sur l’autel des traditions ?

  • Ou choisira-t-on, enfin, de bâtir un État de droit qui protège réellement ses citoyennes ?

Les solutions nécessaires

Pour éviter la répétition de tels drames, plusieurs mesures s’imposent :

  1. Inscrire dans la loi l’interdiction absolue du mariage entre victimes et agresseurs, sans exception ni interprétation.

  2. Renforcer la protection effective des victimes à travers des centres d’accueil sécurisés, un accompagnement psychologique et une assistance juridique gratuite.

  3. Sanctionner les pressions sociales et familiales visant à contraindre une jeune fille à épouser son agresseur.

  4. Former les magistrats et les forces de l’ordre à traiter ces affaires avec une approche centrée sur les droits et la dignité des victimes.

  5. Lancer des campagnes de sensibilisation pour redéfinir la notion d’« honneur », en la basant sur la dignité et non sur une logique punitive envers les femmes.

Conclusion

L’affaire d’Imane n’est pas un simple fait divers, mais un symptôme profond d’un malaise sociétal et législatif. Tant que la pratique du mariage forcé avec l’agresseur subsistera, aucune avancée en matière de droits des femmes ne pourra être considérée comme réelle.
La véritable bataille est donc celle de la dignité et de la justice : libérer les victimes de ce double enfermement – celui de la violence, et celui d’un mariage imposé – afin de bâtir une société où les femmes ne seront plus jamais réduites au silence au nom des traditions.

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