jeudi, octobre 2, 2025
AccueilActualitésConsultations du ministère de l’Intérieur avec les petits partis : vers une...

Consultations du ministère de l’Intérieur avec les petits partis : vers une véritable réforme électorale ou simple recyclage de vieilles recettes ?

Le ministère de l’Intérieur a entamé, lundi, une nouvelle série de consultations autour de la réforme électorale, cette fois-ci avec les partis non représentés au Parlement et dépourvus de groupes parlementaires. La première séance, jugée « calme et positive » par les participants, ouvre néanmoins un champ de questionnements : s’agit-il d’une réelle volonté de corriger les déséquilibres de la représentation politique ou simplement d’un exercice formel qui risque de reproduire les schémas antérieurs, souvent sans résultats concrets ?

Les débats ont porté sur le système électoral, les conditions de candidature, le financement des partis ainsi que la participation des femmes et des jeunes. La Fédération de la gauche démocratique a, par exemple, insisté sur le fait qu’aucune réforme sérieuse ne saurait se limiter à des ajustements superficiels : il faut une refonte globale pour dépasser les dysfonctionnements qui faussent la représentation politique. La question sous-jacente demeure : le ministère est-il prêt à franchir ce cap ?

La rencontre n’a pas été réduite à un simple échange de courtoisies. Elle s’est conclue par un accord de principe autour des mémorandums présentés par les partis, lesquels seront intégrés dans un document de synthèse que le ministère transmettra ensuite vers le circuit législatif et réglementaire. Mais une interrogation s’impose : ces propositions se traduiront-elles réellement en lois applicables ou finiront-elles dans les tiroirs comme lors de précédentes consultations ?

Trois axes de réforme

  1. Règles de représentation : révision du seuil électoral, actualisation du découpage en fonction des données démographiques, et meilleure adéquation entre poids électoral réel et résultats en sièges.

  2. Intégrité du processus compétitif : plafonds stricts pour les dépenses de campagne, criminalisation effective de l’usage de l’argent électoral et mise en place de sanctions applicables, loin des compromis politiques.

  3. Élargissement de la participation : mesures de discrimination positive pour les jeunes et les femmes, et facilitation de la participation des Marocains du monde par le vote consulaire ou des solutions numériques sécurisées.

Ces thématiques, déjà évoquées à maintes reprises lors de débats nationaux, soulèvent une crainte : n’assistons-nous pas à une répétition plutôt qu’à une véritable innovation politique ?

Les dessous politiques

Selon plusieurs sources, cette deuxième vague de consultations vise à corriger un « déficit représentatif chronique » en élargissant le cercle de la concertation au-delà du schéma classique majorité/opposition parlementaire. Mais pour nombre d’observateurs, le véritable poids politique de cette démarche tient au fait qu’elle s’inscrit dans le cadre des instructions royales confiant à l’Intérieur la mission de superviser méthodiquement la préparation du cadre législatif et réglementaire des élections de 2026.

Dès lors, une question centrale se pose : cette concertation débouchera-t-elle sur un calendrier clair et contraignant, ou restera-t-elle une étape de plus dans un processus souvent marqué par l’indécision ?

Forces et zones de fragilité

  • Sur la représentation : l’actualisation des listes et du découpage électoral pourrait constituer un « gain rapide » à faible coût politique.

  • Sur l’intégrité : le vrai test sera l’application des sanctions en cas d’infraction avérée, sans sélectivité.

  • Sur la participation : l’ouverture aux Marocains du monde est prometteuse, mais conditionnée par la mise en place d’une infrastructure logistique et numérique robuste.

Au-delà de l’exercice

La réussite de cette étape ne marquera pas la fin du processus, mais son commencement : viendra ensuite la traduction technique en projets de lois et décrets, à temps pour l’échéance constitutionnelle de 2026. L’enjeu, tel que le résument plusieurs sources, est de passer de « séances d’écoute réussies » à une feuille de route exécutive concrète et mesurable.

L’apport principal de cette rencontre aura été de redonner la parole à des acteurs souvent marginalisés, tout en réaffirmant leur revendication clé : des règles de compétition équitables permettant de révéler leur poids réel, et non celui que leur assignent les calculs préélectoraux. Mais la grande question demeure : le ministère de l’Intérieur est-il prêt à ouvrir ce chantier de fond, ou bien les équilibres politiques traditionnels continueront-ils à réduire la pluralité à une simple façade démocratique ?

Articles connexes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Les plus lus

Recent Comments