Entre le discours gouvernemental et l’accueil de Talsint : deux visages de la politique marocaine
Ce week-end a offert au Maroc une scène contrastée qui illustre parfaitement l’état actuel du champ politique.
D’un côté, une rencontre de communication du chef du gouvernement avec les membres de son parti, le RNI, chef de la majorité. Une rencontre centrée sur la présentation d’un bilan que l’exécutif qualifie de « réalisations » au cours de l’actuelle législature, mais qui apparaît davantage comme une opération de marketing politique que comme une réponse concrète aux attentes sociales.
De l’autre, une tout autre image à Talsint : un accueil populaire historique réservé à Mohamed Ouzzine, secrétaire général du Mouvement Populaire, et à sa délégation.
Une mobilisation spontanée, sans logistique institutionnelle, qui a transformé la visite en un moment de communion entre un parti et « son peuple ».
Quand la politique prend deux trajectoires opposées
Le premier événement soulève une question : la politique se réduit-elle désormais à un exercice de communication, où les chiffres et les graphiques remplacent l’action tangible ?
À l’inverse, la scène de Talsint démontre qu’un parti d’opposition, dépourvu du soutien direct de l’État, peut néanmoins capter l’attention et la confiance grâce à une proximité réelle avec les citoyens.
Cette comparaison met en évidence une fracture profonde : le discours venu « d’en haut » peine à convaincre, tandis que la légitimité « d’en bas » gagne du terrain.
La portée symbolique de l’accueil de Talsint
La visite d’Ouzzine à Talsint n’était pas une simple étape dans un agenda partisan. Elle a révélé plusieurs dimensions :
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Un acte de fidélité des habitants du Maroc oublié envers un parti qui a toujours défendu la justice territoriale et sociale.
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Un message politique fort, confirmant que l’opposition, même limitée dans ses moyens, reste capable de mobiliser et de créer l’adhésion.
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Un signe de confiance renouvelée dans une direction politique qui se présente comme la voix des sans-voix.
Les interrogations qui s’imposent
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Le gouvernement réalise-t-il que son langage technocratique, aussi sophistiqué soit-il, ne remplace pas l’impact de résultats visibles sur le terrain ?
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Sommes-nous en train d’assister au retour d’une opposition construite sur la « politique de proximité » que les grands partis de la majorité ont peu à peu délaissée ?
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L’image vibrante de Talsint peut-elle être le point de départ d’un tournant politique majeur, réhabilitant la politique comme instrument noble au service du citoyen ?
Conclusion
Entre une majorité qui tente de sauver son bilan par le vernis de la communication et une opposition qui ravive la dimension humaine et émotionnelle de la politique, une question se pose : quelle politique veulent les Marocains ?
Celle des chiffres présentés dans des salles fermées, ou celle des cœurs battant dans les rues de Talsint ?