jeudi, octobre 2, 2025
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Prévenir plutôt qu’interdire : vers une politique de santé réaliste pour lutter contre le tabagisme

Peut-on passer du discours de « l’arrêt complet » à une approche basée sur la réduction des risques ? Cette question s’est imposée lors du colloque mondial sur la diplomatie sanitaire tenu à Casablanca, où médecins et experts ont appelé à repenser la stratégie classique de lutte contre le tabagisme.

De l’arrêt au concept de réduction des risques : un changement de paradigme

Dans une intervention remarquée, le cardiologue britannique Dr John Denfield a affirmé que « la réduction des risques liés au tabagisme représente un tournant majeur dans les politiques de santé ». Selon lui, se limiter à exiger un sevrage total n’est pas toujours réaliste, compte tenu de la dépendance de millions de fumeurs au tabac combustible.
Sa proposition : mettre l’accent sur la prévention et l’atténuation des risques. Un choix stratégique, surtout face au vieillissement de la population et à l’explosion des maladies chroniques, qui fragilisent les systèmes de santé dans le monde entier.

La santé, une question globale et transversale

La conférence s’est ouverte par une allocution marquante de la Dr Imane Kandili, qui a rappelé que la santé ne se limite pas à la lutte contre les maladies. Elle englobe aussi l’éducation, la culture, le financement, la sécurité alimentaire, la crise hydrique et même le changement climatique.
Elle a insisté :

« Nous devons utiliser la diplomatie sanitaire comme levier pour marcher ensemble, patienter ensemble, grandir ensemble, non seulement en Afrique, mais aussi dans l’ensemble du Sud global, en dialogue avec le Nord. »

Cette déclaration soulève plusieurs interrogations :

  • Comment intégrer les enjeux de santé dans les politiques alimentaires et climatiques ?

  • La diplomatie sanitaire peut-elle réellement devenir un instrument d’équilibre Nord-Sud, au-delà des slogans ?

Les alternatives moins nocives : un compromis pragmatique

Pour le Dr Denfield, « arrêter de fumer a un effet immédiat sur la santé des individus. Mais quand cela n’est pas possible, proposer des alternatives moins nocives constitue une stratégie réaliste ».
Cette approche, loin de se limiter à l’interdiction, ouvre la voie à une réduction progressive des risques et s’inscrit dans une vision plus pragmatique de la santé publique.

L’exemple suédois : des données concrètes

Afin d’appuyer son argumentaire, Denfield a cité l’expérience de la Suède : les hommes ayant remplacé les cigarettes par des produits nicotiniques oraux ont enregistré une baisse significative des risques sanitaires, contrairement aux femmes qui n’ont pas adopté ces alternatives.
Mais une question demeure :

  • Un tel modèle peut-il être reproduit dans des pays du Sud, comme le Maroc, où les contextes socio-économiques et culturels diffèrent radicalement ?

Pour une politique de santé plus réaliste

« Toute action qui réduit la consommation de tabac combustible est un pas en avant », a conclu le Dr Denfield, appelant les gouvernements à intégrer la réduction des risques dans leurs politiques de santé.

Derrière cette orientation émergent plusieurs débats cruciaux :

  • Les décideurs doivent-ils évoluer d’une logique d’interdiction absolue vers une stratégie basée sur la prévention et la réduction des risques ?

  • Comment concilier protection de la santé publique, régulation du marché et pressions économiques des industries ?

  • Quel rôle attribuer à la recherche scientifique locale pour tester l’efficacité de ces alternatives dans la durée ?

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