Le Parti de la Choura et de l’Indépendance (PDI), représenté par son emblème du chameau, a récemment proposé de limiter le nombre de mandats parlementaires à deux seulement. L’objectif affiché : injecter du sang neuf dans l’institution législative et offrir davantage d’espace aux jeunes compétences. Une idée séduisante sur le papier, mais qui soulève des interrogations politiques fondamentales :
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La limitation des mandats suffit-elle à renouveler la classe politique ou n’est-ce qu’un simple mécanisme de rotation des élites existantes ?
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Ce type de réforme technique peut-il, à lui seul, rétablir la confiance entre citoyens et représentants ?
L’incompatibilité des fonctions : un gage de transparence ?
La note du parti, présentée au ministère de l’Intérieur dans la perspective des législatives de 2026, insiste également sur la nécessité d’interdire le cumul entre le mandat de député et la présidence d’un conseil communal ou d’une chambre professionnelle. L’argument est clair : éviter les conflits d’intérêts et professionnaliser la fonction parlementaire.
La France a franchi ce pas avec sa loi sur le non-cumul, renforçant ainsi la spécialisation et la transparence dans la vie politique. Mais le Maroc peut-il reproduire ce modèle, compte tenu de ses spécificités institutionnelles et sociales ?
Un paysage partisan en crise : vers la fin des « boutiques politiques » ?
Le PDI dénonce la perte de repères idéologiques des partis et la prolifération de formations qualifiées de « boutiques politiques », fondées sur des logiques régionales, linguistiques ou religieuses. Cette fragmentation entretient un flou qui désoriente l’électeur.
L’exemple allemand, où le système partisan a été rationalisé après la Seconde Guerre mondiale pour garantir stabilité et représentativité, montre que des réformes structurelles profondes peuvent s’avérer nécessaires. Le Maroc doit-il s’inspirer de cette voie et repenser radicalement ses règles de fondation et de fonctionnement des partis ?
Femmes et jeunes : au-delà des quotas financiers
Parmi les propositions, le PDI suggère de conditionner une partie du financement public à l’intégration effective des jeunes et des femmes dans les organes dirigeants des partis. Un dispositif qui rappelle certaines pratiques en Scandinavie ou au Canada, où les financements sont liés à des indicateurs de parité et de renouvellement. Mais la question reste entière : l’argent public peut-il transformer, à lui seul, une culture politique encore marquée par le patriarcat et le clientélisme ?
L’argent électoral et les « fake news » : un double défi
La lutte contre l’usage abusif de l’argent en période électorale et la régulation des financements constituent un axe central de la note. Le PDI appelle à un renforcement du rôle de la Cour des comptes pour contrôler les dépenses réelles des campagnes et non seulement les déclarations officielles.
En parallèle, le parti alerte sur le danger des « fake news » et prône l’implication des médias publics et privés ainsi que des influenceurs pour promouvoir une culture électorale constructive. Mais là encore, une question se pose : peut-on réduire la crise de confiance citoyenne à un problème de transparence technique et de communication, alors que l’enjeu est avant tout politique et sociétal ?
2026 : un test grandeur nature de la confiance démocratique
Pour Ahmed Belghazi, secrétaire général du PDI, « l’acte électoral n’est pas une simple procédure technique, mais un moment de convergence entre volonté populaire et légitimité représentative ». Or, convaincre les Marocains de cette réalité reste un défi majeur.
Les exemples du Chili ou de la Corée du Sud montrent que de véritables réformes démocratiques n’émergent pas uniquement de modifications techniques, mais surtout d’une pression sociale et citoyenne exigeant transparence, responsabilité et compétitivité réelle des offres politiques.



