mardi, décembre 2, 2025
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Après le sommet de Doha : Maroc et Israël, fin du parcours ou phase de révision stratégique ?

Le sommet arabe et islamique extraordinaire tenu à Doha a rouvert le débat sur l’avenir des relations entre Israël et les pays arabes, en particulier ceux engagés dans des accords de coopération ou dans un processus de normalisation. Le communiqué final a insisté sur la sécurité collective et le destin commun, exprimant une solidarité totale avec le Qatar face à l’attaque israélienne sur son territoire et condamnant ce qu’il a qualifié d’« agression lâche », rejetant toute tentative de la justifier.

Dans ce contexte, une question délicate s’impose au Maroc :
Faut-il revoir ses relations avec Israël ? Et jusqu’où la présidence marocaine du Comité Al-Qods, avec sa charge symbolique et religieuse, peut-elle se conjuguer avec les impératifs stratégiques liés à l’accord tripartite avec Washington et Tel-Aviv ?

Pour Khalid Cheyat, professeur de relations internationales, il est difficile pour le Maroc de renoncer à cet accord, car ses motivations demeurent inchangées et même renforcées par les avancées dans le dossier national du Sahara. Selon lui, évoquer la fin de la normalisation serait prématuré tant qu’il n’existe pas un espace arabe unifié capable de défendre les causes communes. Le Maroc, dit-il, ne peut pas se permettre d’être victime de l’incapacité du système arabe, ni mettre en péril des acquis stratégiques essentiels.

À l’inverse, Abdelhafid El Younssi, professeur de sciences politiques et de relations internationales, estime que l’ampleur des crimes commis par Israël — extermination, déplacements forcés, famine à Gaza, colonisation en Cisjordanie, judaïsation de Jérusalem — impose une révision profonde de l’approche arabe face à cet « État voyou ». Pour lui, le Maroc, en tant que président du Comité Al-Qods, est tenu d’adopter une position plus ferme, allant jusqu’à suspendre les relations diplomatiques et économiques avec Israël. Mais il reconnaît que cette option reste improbable, vu les liens des Accords d’Abraham avec la question du Sahara et le soutien américain.

Dès lors, plusieurs interrogations émergent :

  • Le Maroc peut-il concilier la défense de sa position stratégique sur le Sahara et sa responsabilité symbolique vis-à-vis de Jérusalem ?

  • L’agression israélienne contre le Qatar constitue-t-elle un tournant susceptible de pousser les pays normalisés, dont le Maroc, à reconsidérer leur trajectoire ?

  • Les peuples arabes et musulmans croient-ils encore à l’efficacité des sommets et des déclarations de solidarité, alors que les États peinent à élaborer une alternative collective crédible ?

Le dilemme marocain réside dans la conciliation entre le pragmatisme stratégique et l’engagement symbolique et moral. Si le Maroc a choisi de « tenir le bâton par le milieu », l’accélération des événements à Gaza et à Doha, ainsi que la menace d’un élargissement du conflit, pourraient l’amener tôt ou tard à redéfinir sa position, à travers des équilibres subtils qui préservent ses intérêts supérieurs tout en maintenant son image de protecteur d’Al-Qods et de soutien constant à la cause palestinienne.

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