Le Bureau national du Syndicat indépendant des secteurs de la santé, membre de l’Union des syndicats indépendants du Maroc, s’est réuni pour évaluer la situation du secteur de la santé à la lumière de la stratégie du ministère de la Santé et de la Protection sociale visant à construire un système de santé intégré. Cette réunion ne s’est pas limitée à répéter les objectifs officiels, mais a analysé les causes profondes des obstacles qui entravent la mise en œuvre des réformes et la qualité des services.
1. Les objectifs du ministère : ambition et défis réels
Le syndicat souligne que le ministère de la Santé vise à :
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Améliorer l’offre de soins et garantir une couverture sanitaire universelle.
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Développer les ressources humaines et augmenter le nombre de professionnels de santé de 17,4 pour 10 000 habitants en 2022 à 45 en 2030.
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Moderniser les infrastructures et renforcer les programmes de prévention contre les maladies transmissibles et non transmissibles.
Analyse : Une divergence claire apparaît entre ces ambitions et les contraintes opérationnelles sur le terrain :
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Pénurie de professionnels spécialisés, entraînant surcharge et dysfonctionnements.
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Coordination insuffisante entre les établissements de santé et les centres hospitaliers universitaires, causant un gaspillage des ressources.
Question centrale : le problème vient-il seulement du manque de ressources ou existe-t-il un déficit structurel plus profond qui nécessite une réforme organisationnelle complète ?
2. Crise des ressources humaines : causes et conséquences
La pénurie de spécialistes médicaux n’est pas une situation temporaire, mais le résultat de plusieurs facteurs structurels :
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Planification insuffisante pour la répartition des professionnels entre les régions.
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Manque d’incitations pour travailler dans les zones à forte demande sanitaire.
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Absence de politiques claires pour le recrutement et la rétention des spécialistes.
Conséquences : protestations récurrentes des citoyens, surcharge des personnels et détérioration de la qualité des services.
3. Coordination entre établissements : un problème organisationnel majeur
Le syndicat constate que la répartition des ressources est souvent indépendante entre le ministère et les centres hospitaliers universitaires :
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Les concours de recrutement séparés créent des déséquilibres régionaux.
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L’absence de stratégie intégrée pour le partage des ressources et du savoir entrave l’amélioration des services.
Question : ce cloisonnement institutionnel est-il la principale cause de l’inefficacité des réformes, ou faut-il une restructuration plus large du système de gouvernance sanitaire ?
4. Représentation équitable des cadres administratifs et techniques
Les cadres administratifs et techniques restent exclus injustement des conseils d’administration des Groupes de santé territoriaux, malgré leur rôle central :
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La révision de l’article 02 du décret 2.23.1054 est nécessaire pour corriger cette situation.
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La réforme ne peut réussir sans la participation de tous les acteurs professionnels, respectant les principes d’équité et de justice.
Analyse : il s’agit d’un déficit législatif qui nécessite une intervention rapide pour garantir une représentation juste.
5. Gouvernance et transparence des marchés publics
Le Bureau national attire l’attention sur des indices de favoritisme et d’exploitation de l’influence dans la gestion des marchés publics :
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Préférence accordée à certaines entreprises au détriment d’autres.
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Conflits d’intérêts et faibles mécanismes de contrôle.
Analyse : l’absence de véritables outils de surveillance expose le secteur à des risques de corruption, renforçant la nécessité d’une approche participative et transparente.
Conclusion analytique
Selon le syndicat, la réforme du système de santé n’est pas un simple chantier technique, mais un défi global combinant ressources humaines, gouvernance, équité et planification stratégique :
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Fournir des professionnels de santé qualifiés.
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Assurer une représentation équitable de toutes les catégories.
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Renforcer la coordination entre établissements.
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Adopter une gouvernance et une transparence strictes dans les marchés publics.
Conclusion : Sans traitement des causes profondes, toute initiative de réforme risque l’échec, laissant citoyens et personnels exposés aux effets du déficit structurel et de l’exclusion institutionnelle.



