Dans un article analytique récent, Abdellah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, estime que le monde n’a plus besoin de discours guerriers ni de logiques de confrontation zéro-somme. Il appelle plutôt à l’émergence d’une nouvelle vision fondée sur des relations internationales plus justes et équilibrées. Selon lui, l’appel du président chinois Xi Jinping à un ordre mondial basé sur le principe du « gagnant-gagnant » rejoint profondément la vision défendue par le roi Mohammed VI depuis le début des années 2000.
La Chine : une puissance qui prône la fin du jeu à somme nulle
Boussouf souligne que le discours du président chinois, d’à peine huit minutes, a dressé un constat lucide de la crise actuelle du système international. Xi Jinping y a affirmé que la logique de domination et de rivalité ne menait nulle part, plaidant pour un nouvel ordre mondial axé sur les intérêts partagés et le développement commun. Pour Boussouf, ce discours illustre la prise de conscience d’une grande puissance que ses intérêts ne peuvent être garantis que dans un cadre d’équilibre équitable, où chaque acteur se sent gagnant.
Le Maroc : précurseur du modèle « gagnant-gagnant »
Cette approche, rappelle Boussouf, n’est pas nouvelle. Le roi Mohammed VI l’a formulée très tôt à travers une stratégie ambitieuse pour les relations du Maroc avec l’Afrique. Dans ses discours, le souverain a constamment affirmé que le continent n’a pas besoin de tutelle ni de compassion, mais de partenariats concrets et productifs.
Boussouf cite plusieurs exemples qui traduisent cette vision dans les faits : le projet de gazoduc entre le Nigeria et le Maroc, les investissements bancaires et commerciaux, les projets en énergies renouvelables, ainsi que les initiatives sanitaires lors de la pandémie de Covid-19, quand le Maroc a fourni médicaments et vaccins à plusieurs pays africains. Autant d’actions qui font du « gagnant-gagnant » une réalité vécue et renforcent le rôle du Maroc comme acteur émergent en Afrique.
Une dimension juridique et éthique dans la vision marocaine
Boussouf insiste également sur le fait que la vision marocaine dépasse l’économie et le développement. Dans son dernier message adressé à l’Institut de droit international réuni à Rabat, le roi Mohammed VI a rappelé que l’édification d’un nouvel ordre mondial exige le respect du droit international et la rupture avec la logique de la force et du fait accompli. Ainsi, selon Boussouf, le « gagnant-gagnant » prend aussi une dimension juridique et morale, en réaffirmant la primauté de la légalité internationale comme garantie essentielle de paix et de sécurité.
Une convergence révélatrice
Pour Boussouf, la convergence entre la vision de la Chine, puissance mondiale ascendante, et celle du Maroc, acteur régional en pleine affirmation, traduit un tournant majeur dans la pensée géopolitique contemporaine. Les deux rejettent la logique d’exploitation et de domination et proposent une alternative plus équitable.
Ce rapprochement, ajoute-t-il, incarne une « nouvelle forme de réalisme », plus humaine et plus éthique, où la puissance des États se mesure à leur capacité de bâtir des partenariats durables et justes, et non à leur aptitude à imposer leur volonté.
Vers une révolution silencieuse des relations internationales
Boussouf conclut que cet appel conjoint, de Rabat à Pékin, pourrait marquer le début d’une nouvelle phase dans les relations internationales, fondée sur l’équité, la justice et le développement partagé. Il estime que l’Histoire retiendra peut-être cette rencontre de visions comme le point de départ d’une révolution silencieuse dans la pensée politique mondiale, redonnant à l’humain sa place centrale dans les relations entre les nations.