Déclarations percutantes révélant l’ampleur de la crise électorale
Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à Rabat, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et figure de l’opposition, Nabil Benabdallah, a dévoilé ce qu’il a qualifié de « tsunami de l’argent » lors des élections législatives de 2021, appelant à une réforme globale garantissant l’intégrité du processus électoral et restaurant la confiance entre les citoyens et les institutions.
Benabdallah a décrit le discours du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, adressé aux leaders des partis après le discours du Trône, comme un « discours sans précédent » et « avancé en termes de clarté et de franchise », soulignant la nécessité de lutter contre les manifestations de corruption électorale et d’assurer l’expression libre de la volonté populaire.
Chiffres alarmants et crise de confiance réelle
Le secrétaire général du PPS a évoqué des chiffres révélateurs de l’ampleur de la crise de participation politique au Maroc : sur 28 millions de citoyens éligibles, près de 18 millions ne participent pas aux élections, dont 9 millions non inscrits et 9 millions d’inscrits qui choisissent de s’abstenir.
Benabdallah a estimé que ces chiffres traduisent une véritable crise de confiance, qui ne peut être résolue que par une réforme politique globale redonnant sa valeur au processus électoral et renforçant la confiance dans les institutions.
Réforme des élections : de la lutte contre l’argent politique au renforcement des compétences
Dans son discours, Benabdallah a insisté sur le fait que les élections ne sont pas une question purement partisane, mais un enjeu sociétal nécessitant l’implication de toutes les forces civiles, professionnelles et culturelles, soulignant la nécessité de tenir responsables tous ceux qui enfreignent les règles de l’intégrité, plutôt que de généraliser les déviances à tous les partis.
Il a demandé l’exclusion de toute personne poursuivie ou soupçonnée de corruption et l’ouverture de la voie aux compétences intègres pour offrir une image différente de la politique, affirmant que le véritable combat est un « combat démocratique quotidien », nécessitant une réforme progressive et un cumul positif menant à des institutions fortes et honnêtes.
Parlement et rôle des partis : restaurer la confiance dans les institutions
Le secrétaire général du PPS a souligné l’importance de restaurer le Parlement comme espace de contrôle et de législation, précisant que la pratique actuelle a transformé cette institution en un organe dépourvu de crédibilité et de légitimité.
Benabdallah a ajouté qu’un partenariat effectif entre le ministère de l’Intérieur et les forces politiques, tant au niveau régional que local, constitue une garantie pour le succès des prochaines élections et pour établir une relation renouvelée entre le citoyen et ses institutions.
Les Marocains de l’étranger entre participation politique et rôle national
Les déclarations de Nabil Benabdallah concernant les Marocains de l’étranger dépassent la simple proposition électorale partisane et révèlent une stratégie double combinant dimension politique interne et dimension nationale et internationale. Le parti demande à permettre aux Marocains résidant à l’étranger de voter dans leurs circonscriptions locales et de choisir directement leurs représentants, soulignant l’importance de cette catégorie comme force électorale influente pouvant renforcer ou modifier les résultats des prochaines élections.
Parallèlement, le secrétaire général relie la participation des Marocains de l’étranger à la question du Sahara marocain, conférant à ses déclarations une dimension nationale et stratégique. Cela montre que renforcer la participation de la diaspora ne se limite pas à obtenir des voix, mais contribue également à consolider l’unité interne et à présenter le Maroc comme un État démocratique engagé à impliquer tous ses citoyens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans le processus décisionnel national.
Ainsi, Benabdallah envoie des messages multiples : d’abord à l’intérieur, affirmant que les prochaines élections doivent se dérouler avec intégrité et que les Marocains de l’étranger auront un rôle actif ; ensuite à l’extérieur, soulignant que le parti veille à la représentation et aux intérêts de la diaspora dans la politique nationale, reflétant l’image du Maroc sur la scène internationale.
Dans l’ensemble, le parti n’exploite pas la diaspora à des fins purement électorales, mais utilise cette dimension pour affirmer son rôle de défenseur de la démocratie et de la transparence, et pour souligner l’importance de la participation de tous les citoyens dans le renforcement de la stabilité nationale et de la crédibilité des institutions.
Appel à un nouveau contrat politique et à une réforme progressive
Le secrétaire général a également appelé à l’instauration d’un nouveau contrat politique entre les partis, engageant tous les acteurs au respect des règles d’intégrité et de transparence, et au lancement d’une nouvelle génération de réformes politiques équivalente au Nouveau Modèle de Développement, affirmant que la démocratie n’est pas un slogan mais un parcours ardu pouvant produire des résultats tangibles si la volonté sincère de lutter contre la corruption et de promouvoir une concurrence loyale est présente.
Conclusion
Les déclarations de Nabil Benabdallah reflètent l’ampleur des défis auxquels est confronté le processus électoral au Maroc et soulignent la nécessité d’une intervention de tous les acteurs, des autorités de contrôle aux partis politiques, en passant par la société civile, afin de garantir des élections transparentes reflétant la véritable volonté des citoyens et restaurant la confiance dans les institutions démocratiques.