Lorsqu’on parle de la nouvelle taxe de solidarité instaurée par le gouvernement pour faire face aux catastrophes naturelles et sanitaires, il est impératif de ne pas se limiter à la surface des mesures annoncées. La hausse du taux, passant de 1 % à 1,5 %, pourrait sembler un ajustement technique destiné à renforcer les ressources du Fonds de solidarité contre les catastrophes, mais derrière ce chiffre se cache un débat bien plus profond et inquiétant : celui de la transparence et du sort des fonds précédemment constitués.
Une critique claire et directe
Fatiema Zahra Tamani, députée du parti Fédération de la gauche démocratique, a souligné que le gouvernement choisit une solution facile en visant encore une fois les poches des citoyens, plutôt que d’ouvrir un véritable débat sur le destin des fonds existants. Dans un post publié sur son compte officiel Facebook, elle s’est interrogée : où sont passées les ressources du Fonds des catastrophes, du Fonds du séisme et du Fonds du coronavirus ? Et qu’en est-il des autres fonds exceptionnels créés à travers les années ?
Cette critique va au-delà d’un simple désaccord politique. Elle met en lumière un problème structurel : la persistance d’une approche de collecte fiscale qui ne garantit ni équité ni reddition de comptes. Le recours récurrent à de nouvelles taxes ou à l’augmentation de contributions existantes sans clarification sur l’usage antérieur des fonds creuse le fossé de confiance entre les citoyens et l’État.
Un modèle fiscal contesté
Selon Tamani, ce mécanisme perpétue la logique des prélèvements injustes. Au lieu d’explorer des options plus équitables, comme une taxation progressive sur la richesse ou un contrôle plus strict de l’utilisation des fonds publics, le gouvernement se contente d’augmenter un taux existant. Cette décision soulève plusieurs questions fondamentales : pourquoi le gouvernement ne tire-t-il pas parti des sources alternatives de financement pour les fonds de solidarité ? Quel contrôle citoyen existe-t-il pour garantir que les contributions passées ont été utilisées correctement ?
Exemples historiques et comparatifs
L’histoire récente montre que le manque de transparence dans la gestion des fonds publics liés aux catastrophes peut avoir des conséquences économiques et sociales graves :
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Italie : après le tremblement de terre de L’Aquila en 2009, des audits ont révélé des anomalies dans l’usage des fonds d’aide, ce qui a mené à des réformes pour instaurer un suivi strict des dépenses.
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Indonésie : suite au tsunami de 2004, plusieurs organisations internationales et agences gouvernementales ont mis en place des mécanismes de suivi et de rapport détaillés pour garantir l’usage approprié des dons internationaux et locaux.
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France : le Fonds de solidarité pour les catastrophes naturelles fonctionne avec un cadre de contrôle précis, incluant des rapports annuels et des audits publics, ce qui renforce la confiance des citoyens dans l’utilisation des ressources.
Ces exemples montrent que la gestion transparente des fonds liés aux catastrophes n’est pas seulement une question d’éthique, mais aussi un levier pour la confiance publique et l’efficacité des interventions.
Analyse détaillée de la nouvelle taxe
L’augmentation de la taxe de solidarité à 1,5 % pourrait être justifiée comme un moyen de renforcer les ressources face à des catastrophes plus fréquentes et coûteuses. Cependant, sans un cadre clair de reddition de comptes et de suivi des fonds précédents, cette mesure risque d’être perçue par les citoyens comme une simple opération de perception supplémentaire, plutôt qu’un engagement réel envers la prévention et la résilience.
Fatiema Tamani rappelle également que l’absence de transparence nourrit le scepticisme et la méfiance. Si les citoyens ne savent pas comment leurs contributions passées ont été utilisées, comment peuvent-ils soutenir une nouvelle augmentation ? Et surtout, où sont passés les fonds déjà collectés depuis la création des différents mécanismes de solidarité ?
Questions implicites pour le lecteur
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Quelles mesures de contrôle et de suivi sont mises en place pour garantir que les fonds antérieurs ont été utilisés correctement ?
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Pourquoi le gouvernement ne privilégie-t-il pas des sources de financement plus équitables, comme la taxation progressive sur les grandes fortunes ?
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Comment renforcer la confiance des citoyens dans la gestion des fonds publics liés aux catastrophes ?
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Les précédentes contributions ont-elles réellement servi à aider les populations sinistrées ou ont-elles été absorbées par des dépenses administratives ou des détournements ?
Conclusion : vers une réforme transparente et équitable
Il est clair que toute réforme des mécanismes fiscaux liés aux catastrophes doit aller au-delà de la simple augmentation des taux. Elle doit inclure :
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Un audit complet des fonds existants et la publication de rapports détaillés sur leur utilisation.
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La mise en place de mécanismes de contrôle indépendants, impliquant la société civile et des experts externes.
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La réflexion sur des modes de financement plus équitables, incluant la taxation des grandes fortunes, afin de ne pas peser de manière disproportionnée sur les citoyens moyens.
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La communication transparente et continue avec les citoyens, afin de renforcer la confiance et de garantir que chaque dirham collecté sert réellement à protéger et soutenir la population en cas de catastrophe.
En résumé, la nouvelle taxe de solidarité contre les catastrophes, bien qu’annoncée comme un outil de renforcement des ressources, ne peut être considérée comme efficace que si elle s’accompagne d’une transparence totale sur le passé, d’une gestion rigoureuse et d’une justice fiscale. Sans ces éléments, les citoyens risquent de percevoir la mesure comme un fardeau supplémentaire plutôt qu’un instrument de protection collective.



