À chaque attaque contre le Maroc, que ce soit sur la question du Sahara ou sur d’autres dossiers internationaux, la même question refait surface : pourquoi le Maroc ne dispose-t-il pas d’un dispositif médiatique puissant, équipé de cadres hautement qualifiés, capable de constituer un bouclier culturel et politique pour la nation et l’ensemble du peuple marocain ?
La vérité est que, malgré l’existence de chaînes de télévision, de radios et de journaux, les médias marocains continuent de faire face à des défis majeurs en termes de compétences, d’indépendance et de stratégie. Le paysage médiatique national manque de capacité de réponse rapide et organisée, d’analyse approfondie et de production de contenus capables de répondre aux attaques extérieures sur la scène internationale, que ce soit à travers des articles, des programmes télévisés ou des contenus numériques sur les plateformes mondiales.
La situation actuelle des médias nationaux
Au Maroc, il existe des journaux quotidiens et hebdomadaires, des radios et des chaînes de télévision, mais ces plateformes font souvent face à plusieurs limitations : pénurie de journalistes spécialisés, faible indépendance éditoriale et influences politiques ou économiques qui limitent leur capacité à agir comme un véritable bouclier médiatique.
Les journalistes se concentrent essentiellement sur la couverture quotidienne et la reproduction des informations. Rarement, on trouve des spécialistes capables de produire des contenus analytiques et stratégiques qui confrontent les mensonges et rétablissent la narration nationale à l’international. De plus, les médias numériques n’ont pas investi de manière significative dans les réseaux d’analyse médiatique ou dans la surveillance des attaques informationnelles visant le Maroc.
Comparaison internationale : modèles de médias défensifs
La défense nationale ne se limite plus à l’armée ou à la diplomatie ; les médias constituent désormais un outil stratégique essentiel.
France : L’État dispose d’institutions médiatiques importantes telles que France 24 et RFI, avec des équipes spécialisées en affaires internationales, analyses politiques et économiques, capables de répondre à toute campagne de désinformation dirigée contre la France.
États-Unis : Les réseaux PBS et CNN disposent de services d’investigation et d’analyse stratégique, travaillant en permanence pour surveiller, analyser et produire des contenus correctifs afin de protéger les intérêts nationaux.
Turquie : Le pays a mis en place un dispositif médiatique complet, avec un financement continu pour corriger l’image nationale à l’international, incluant la production de documentaires, la publication d’articles analytiques et l’interaction professionnelle avec les plateformes numériques.
Comparé à ces exemples, le Maroc apparaît relativement faible sur le plan de la défense médiatique. Bien que le royaume dispose de ressources humaines et financières, l’absence d’un investissement structuré pour construire un média défensif robuste le rend vulnérable à la déformation de son image sur la scène internationale.
Causes du déficit médiatique
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Absence de stratégie nationale à long terme : Il n’existe pas de plan clair pour former des journalistes spécialisés dans la défense nationale, ni d’intégration avec des programmes universitaires ou des formations avancées.
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Formation médiatique insuffisante : L’accent est mis sur la pratique journalistique quotidienne, sans développer les compétences analytiques, la recherche et la capacité de production stratégique.
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Manque d’investissement dans le numérique : Les attaques modernes se déroulent via les réseaux sociaux, où les médias nationaux manquent de moyens pour contrer les campagnes numériques organisées.
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Focalisation sur les médias traditionnels : Alors que le monde se tourne vers les médias interactifs et analytiques, les médias marocains restent figés dans la simple reproduction d’informations, sans analyse approfondie.
Conséquences pour le pays
L’absence d’un dispositif médiatique défensif entraîne plusieurs effets :
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Facilitation de la diffusion de fausses informations et déformation de l’image du Maroc à l’international.
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Vulnérabilité aux campagnes de propagande ciblant la politique, l’économie et la culture marocaines.
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Perte de contrôle sur l’opinion publique internationale et limitation de l’influence du pays dans les débats mondiaux.
Questions pour le lecteur : Pourquoi le Maroc n’a-t-il pas investi sérieusement dans la construction d’une institution médiatique défensive comparable à celles existant dans d’autres pays ? Comment les médias nationaux peuvent-ils devenir un véritable bouclier pour la nation contre les attaques extérieures ?
Le besoin d’un personnel médiatique hautement qualifié
Le dispositif médiatique national doit accomplir plusieurs missions :
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Suivi et analyse des informations locales et internationales.
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Production de contenus stratégiques défendant les intérêts nationaux.
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Surveillance et anticipation des campagnes médiatiques adverses grâce à l’analyse et au traitement.
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Formation d’une nouvelle génération de journalistes à l’analyse approfondie, à l’écriture stratégique et à la gestion des crises médiatiques.
Un tel dispositif constituerait un véritable bouclier défensif capable de protéger l’image nationale et d’avoir un impact stratégique à l’échelle mondiale.
Propositions concrètes
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Créer une institution médiatique nationale défensive, indépendante sur le plan administratif et financier, regroupant journalistes, analystes politiques et anciens diplomates.
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Développer des programmes de formation continue en partenariat avec des universités et centres internationaux avancés.
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Exploiter les médias numériques de manière stratégique pour contrer les campagnes informationnelles, avec des outils d’analyse et d’évaluation de performance.
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Intégrer l’action médiatique avec la diplomatie et les médias extérieurs afin de transmettre des messages nationaux cohérents et puissants.
Conclusion
Les médias ne sont pas seulement des transmetteurs d’information ; ils constituent un outil stratégique pour protéger la souveraineté nationale, renforcer la cohésion et influencer l’opinion publique internationale.
Le Maroc, malgré ses réussites économiques et diplomatiques, manque aujourd’hui de ce bouclier médiatique indispensable. La création d’un dispositif médiatique hautement compétent n’est pas un luxe mais une nécessité nationale, car l’information est devenue une arme et sa protection relève de la responsabilité de chaque citoyen et institution.
La presse nationale, si elle est correctement formée et organisée, peut devenir une force de défense stratégique, protégeant les intérêts du royaume, consolidant sa position internationale et répondant aux attaques étrangères de manière efficace, scientifique et réfléchie, comme l’a souligné avec justesse Mohammed Brada dans son message rationnel.



