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Réforme de la santé sous pression : un syndicat indépendant tire la sonnette d’alarme face au gel des indemnités de risque professionnel

Au moment même où les Marocains célèbrent la Fête du Trône, et alors que les réformes royales sont attendues pour redresser le secteur de la santé, le Syndicat Indépendant des Secteurs de la Santé a lancé un cri d’alerte dans un communiqué virulent, dénonçant le blocage, par les services du ministère des Finances, d’un décret gouvernemental très attendu relatif aux indemnités de risque professionnel.

Ce communiqué, émis par le bureau national du syndicat à l’issue d’une réunion d’urgence tenue le mercredi 29 juillet 2025, met en lumière un dysfonctionnement silencieux au sein de l’appareil d’État : un gouvernement qui approuve, un Conseil des ministres qui valide, mais un ministère des Finances qui gèle. Ce que le syndicat qualifie de « retard injustifié » dans un contexte jugé « décisif » pour l’avenir du système de santé.

Louanges royales… contre blocage administratif

Le syndicat commence son communiqué en saluant la décision royale issue du Conseil des ministres du 1er juin 2024, qui a donné une dimension stratégique aux instances nouvellement créées dans le cadre de la réforme du système de santé. Il estime que cette dynamique nationale ambitieuse nécessite une mobilisation globale, notamment des autorités chargées du financement.

Mais, paradoxalement, selon le communiqué, les services du ministère des Finances ont choisi, au moment où le décret d’indemnisation devait être mis en œuvre, de ne pas l’exécuter, et ce plus d’un mois après son entrée en vigueur (le 1er juillet 2025). Le syndicat y voit un mépris flagrant des engagements de l’État envers ses cadres de santé.

Un décret au congélateur : qui freine l’exécution ?

Le décret concerné, n° 2.25.339, a été approuvé par le Conseil de gouvernement le 24 avril 2025. Il modifie l’ancien décret n° 2.99.649 et vise à augmenter les indemnités de risque professionnel au profit de différentes catégories du personnel du ministère de la Santé, en les étendant pour la première fois aux enseignants-chercheurs exerçant dans les instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé, ainsi qu’à l’École nationale de santé publique.

Or, malgré la date officielle d’entrée en vigueur fixée au 1er juillet 2025, aucune indemnité n’a été programmée ni exécutée. Le ministère des Finances n’a fourni aucun signal quant à la mise en œuvre du décret, ce qui pose à nouveau les questions suivantes :
La décision financière est-elle déconnectée de la décision politique au Maroc ?
Les services financiers peuvent-ils bloquer des décisions gouvernementales et royales à caractère social aussi sensible ?

Des augmentations symboliques… mais riches de sens

Bien que les montants prévus par le décret soient modestes – 500 dirhams nets pour les cadres infirmiers, 200 dirhams pour les cadres administratifs et techniques, et 759 dirhams pour les enseignants-chercheurs – leur valeur symbolique est considérable. Ces augmentations représentent une reconnaissance concrète du rôle des ressources humaines du secteur de la santé, longtemps négligées malgré leur engagement durant la pandémie de Covid-19.

Pour le syndicat, le gel de ces indemnités constitue non seulement une grande déception pour les professionnels concernés, mais aussi une menace pour la crédibilité du dialogue social, sapant la confiance en un État employeur qui accumule des engagements sans les respecter.

Au-delà du communiqué : signaux d’alerte sur la coordination gouvernementale

Le communiqué prend une tournure plus critique, s’interrogeant sur la cohérence interne de l’exécutif. Comment expliquer qu’un décret validé par le gouvernement reste lettre morte à cause de procédures financières non déclenchées à temps ?

Selon l’analyse du syndicat, cet incident n’est pas isolé. Il reflète une fracture plus profonde entre la stratégie annoncée et l’application concrète des réformes sur le terrain, notamment dans des secteurs sociaux aussi vitaux que la santé.

Message final : aucune place pour l’hésitation dans un chantier royal

Face à cette situation, le syndicat appelle tous les partenaires – gouvernementaux, syndicaux et associatifs – à assumer leurs responsabilités historiques pour garantir la réussite du chantier de réforme de la santé. Il souligne que le projet pilote lancé dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, à travers les Groupements Sanitaires Territoriaux, ne pourra réussir dans un climat de blocage administratif et d’atermoiement.

Le message est clair : la réforme ne peut réussir par de simples intentions. Elle nécessite des décisions exécutées, et le respect des engagements de l’État envers les femmes et les hommes du secteur de la santé.

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