Dans une conjoncture nationale chargée d’espérances, et dans un contexte délicat où abondent les attentes sociales et économiques, le discours royal prononcé à l’occasion du 26ᵉ anniversaire de l’accession au trône a clairement annoncé une transition vers une nouvelle génération de programmes de développement territorial, tout en ouvrant la porte aux consultations politiques en vue des prochaines échéances électorales.
Ce discours n’était pas ordinaire : les Marocains l’attendaient avec impatience, au regard des transformations économiques, des défis territoriaux et des attentes sociales croissantes. Il est venu à un moment de réflexion collective, après des tensions accumulées dans plusieurs secteurs, dont le domaine sportif, dont l’absence totale des discours a suscité des interrogations dans les milieux médiatiques et sportifs, notamment dans le contexte du débat actuel sur les performances nationales dans les forums internationaux.
Des approches traditionnelles à un développement territorial intégré
Le discours a confirmé avec clarté que le moment exige de réaliser un « changement véritable » dans la gestion des disparités spatiales et sociales, en dépassant les modèles classiques de développement social, pour embrasser une approche de développement territorial intégré. C’est un virage remarquable qui témoigne de la conscience de la nécessité d’adapter les politiques publiques à la réalité du territoire, et de rompre avec la logique des « plans centralisés » souvent élaborés sans tenir compte des particularités et des ressources locales.
L’accent mis sur le développement territorial s’inscrit dans un contexte national marqué par de profondes inégalités entre le centre et les périphéries, que ce soit dans l’accès aux services, aux emplois ou aux infrastructures, ce qui explique également l’appel du discours à valoriser les singularités locales, à consolider la régionalisation avancée et à favoriser la solidarité territoriale.
Réordonner les priorités nationales… et absence notable du sport à ce stade
Le discours royal a structuré les priorités du développement social et économique au Maroc, en mettant l’accent sur des enjeux essentiels qui préoccupent les citoyens : l’emploi, l’éducation, la santé et l’eau. Tous constituent les piliers d’un projet de développement équilibré.
Cela dit, certains observateurs du monde sportif ont remarqué l’absence totale d’évocation du sport national, malgré les participations remarquées aux grandes manifestations internationales, et en particulier dans le contexte des critiques autour des résultats modestes dans certaines disciplines individuelles aux Jeux Olympiques de Paris. Ce « silence » – si lu avec prudence – peut être interprété comme un signal de la nécessité d’un bilan approfondi et global avant de définir de nouvelles orientations stratégiques.
Ce temps de réflexion pourrait constituer une opportunité pour réviser en profondeur le système de gouvernance sportive, sur la base d’un diagnostic objectif et pondéré de la performance globale, à l’écart des pressions conjoncturelles ou des résultats ponctuels. Le sport national reste, de par son symbolisme et ses réalisations, un canal essentiel pour encadrer la jeunesse et affermir les valeurs citoyennes, et son intégration dans les agendas futurs du développement intégré est indiscutable.
Lancement des consultations électorales… en anticipation des échéances
Le discours a, par ailleurs, donné des directives claires au gouvernement – et particulièrement au ministère de l’Intérieur – en vue d’ouvrir dès à présent les consultations politiques préparatoires aux prochaines élections législatives, en soulignant l’importance de disposer d’un cadre légal électoral prêt avant la fin de l’année. Il s’agit là d’un signal fort en faveur du respect des délais constitutionnels et du renforcement de la confiance dans le processus démocratique national, loin des logiques de précipitation ou de report.
Derrière le discours… questions et défis
Ce discours, bien qu’exprimant avec clarté ses priorités, ouvre aussi la voie à un flot de questions stratégiques :
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Comment seront mis en œuvre ces nouveaux programmes territoriaux ? Qui assurera la coordination autour de priorités claires, évitant dispersion et redondances ?
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Quel avenir pour les régions encore dépourvues d’une dynamique économique effective ? Seront-elles soutenues par des projets structurants de l’État ?
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Assistons-nous à un réajustement implicite des priorités stratégiques de l’État ? L’absence du sport dans le discours traduit-elle une position délibérée ou est-elle simplement un report temporaire ?
En conclusion
Le discours royal a redirigé le cap vers le « territoire » comme levier de développement et l’élection comme horizon du renouvellement démocratique. En même temps, il suscite un questionnement sur les politiques qui ne sont peut-être plus prioritaires ou qui n’ont pas trouvé leur place dans cet exercice stratégique.
Dés lors, il incombe aux acteurs gouvernmentaux, politiques et à la société civile d’interpréter ces messages explicites et implicites, et d’agir avec logique de construction plutôt que d’excuses ou de ressentiment.
