lundi, juin 23, 2025
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Condamnation de Moncef Marzouki à 22 ans de prison : La Tunisie criminalise-t-elle l’opposition ?

Dans un tournant judiciaire aussi symbolique que controversé, la justice tunisienne a condamné l’ancien président Moncef Marzouki à 22 ans de prison ferme, par contumace, pour des accusations liées au « terrorisme » et à l’« incitation contre la sûreté de l’État ». Ce jugement, rapidement qualifié de « nul » par l’intéressé lui-même, soulève de sérieuses questions sur l’état des libertés en Tunisie, et sur l’instrumentalisation potentielle de la justice dans un contexte politique tendu.

De la révolution au tribunal : quel message envoie l’État tunisien ?

Élu président en 2011, au lendemain de la révolution de Jasmin, Marzouki incarnait alors l’espoir d’une Tunisie nouvelle, démocratique et plurielle. Treize ans plus tard, il est poursuivi et condamné pour avoir exprimé publiquement ses critiques envers le régime en place.
S’agit-il d’une évolution normale de la justice ? Ou bien d’un dangereux précédent où l’opposition est assimilée à une menace sécuritaire ?

Justice indépendante ou justice sous influence ?

La condamnation émane d’un tribunal spécialisé dans les affaires de terrorisme. Or, depuis que le président Kaïs Saïed a concentré les pouvoirs entre ses mains, en 2021, en suspendant le Parlement et en gouvernant par décrets, les signaux d’alerte se sont multipliés sur l’affaiblissement de l’indépendance judiciaire.

Dans ce contexte, la question devient cruciale :

  • Est-ce que ce jugement relève d’une stricte application de la loi ?

  • Ou bien s’inscrit-il dans une stratégie plus large d’élimination symbolique des voix critiques ?

Opposition, sécurité et glissement autoritaire

Le cas Marzouki n’est pas isolé : plusieurs condamnations l’ont précédé, toutes en lien avec la sécurité de l’État. L’opposition politique semble de plus en plus assimilée à un danger pour l’ordre établi, alors même que la Tunisie traverse une crise socio-économique profonde.

Face à une telle dérive, la rhétorique sécuritaire pourrait-elle justifier toutes les restrictions ?
Et jusqu’où le régime tunisien est-il prêt à aller pour contenir les dissidences internes ?

La société civile et les partenaires internationaux interpellés

Le silence de la communauté internationale contraste avec l’ampleur de la peine. En France, pays d’accueil de Marzouki, la réaction reste timide. Or, au regard de l’histoire partagée et des liens étroits avec Tunis, Paris peut-elle continuer d’ignorer la dégradation démocratique dans un pays longtemps présenté comme « modèle de transition » ?

Conclusion : la Tunisie referme-t-elle la parenthèse démocratique ?

Ce verdict, aussi sévère que symbolique, risque de marquer un tournant. Il reflète non seulement une crise de gouvernance, mais aussi une volonté de verrouiller l’espace public et politique.

À l’heure où la Tunisie peine à sortir de l’impasse économique, peut-elle vraiment se permettre d’ignorer l’urgence démocratique ?
Et si les procès à charge remplaçaient les débats d’idées, que restera-t-il de l’esprit du 14 janvier 2011 ?

Car une démocratie ne se mesure pas à la solidité de ses institutions, mais à la place qu’elle laisse à ses opposants.

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