dimanche, juin 22, 2025
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« Mawazine 2025 » : la fin annoncée d’un âge d’or ?

Entre désorganisation, opacité et déconnexion numérique : le miroir d’une crise culturelle plus large ?

La vingt-et-unième édition du Festival Mawazine, censée être un moment de célébration et de réaffirmation de son rôle de vitrine artistique du Maroc, s’est transformée en une scène de désillusion. Ce qui aurait dû incarner la maturité d’un événement phare de la scène culturelle nationale et africaine, s’est mué en un miroir révélateur d’un déséquilibre systémique dans la gestion des grands événements culturels au Maroc.

Une édition de tous les paradoxes

Alors que le public et les médias attendaient une édition anniversaire marquée par l’excellence, l’organisation a laissé place à l’improvisation. Des accréditations journalistiques délivrées tardivement, des changements de programme non communiqués, des conférences de presse dépeuplées : autant de signaux d’un malaise structurel. De nombreux journalistes ont d’ailleurs décidé de boycotter la couverture du festival, dénonçant un traitement qu’ils jugent irrespectueux et non professionnel.

Cela pose une série de questions critiques :

  • Comment une manifestation aussi prestigieuse peut-elle encore souffrir de lacunes aussi élémentaires dans sa logistique ?
  • Le Maroc dispose-t-il d’une gouvernance culturelle capable de gérer des événements internationaux dans une logique de professionnalisation et de durabilité ?

« Villa des Arts » : symbole d’un repli ou révélateur d’un aveu d’échec ?

À 48 heures de l’ouverture du festival, l’annonce du déplacement des conférences de presse vers la Villa des Arts, sans coordination ni information claire, a semé la confusion. Cette décision abrupte reflète-t-elle un manque de vision ou bien une gestion cloisonnée, dominée par des choix unilatéraux ?

En l’absence de justification publique, les interprétations ont fusé : luttes internes ? manque de leadership ? ou encore désengagement progressif des partenaires institutionnels ?

Un écosystème médiatique fragilisé… ou volontairement écarté ?

L’absence criante des médias nationaux dans les moments clés du festival révèle un malaise profond :

  • L’information est-elle encore perçue comme un levier stratégique ou comme un simple outil promotionnel ?
  • Quelle place donne-t-on au journalisme critique dans les grandes manifestations ?

L’absence de direct streaming, l’absence d’interactions numériques en temps réel, et le manque de contenu structuré pour les plateformes numériques révèlent un autre talon d’Achille : le retard dans l’intégration d’une stratégie digitale digne de ce nom.

Un public frustré : signal faible ou alerte sérieuse ?

Les plaintes du public ne sont pas moindres : désorganisation à l’entrée, chaises manquantes, changements de dernière minute. L’expérience des spectateurs, qui doit être au cœur de toute stratégie événementielle, semble reléguée au second plan. Le risque ici est plus grand qu’un simple mécontentement passager : il s’agit de perdre le lien de confiance avec une audience fidèle.

Un modèle à bout de souffle ?

Après deux décennies, l’heure est peut-être venue de faire une pause critique. L’inertie bureaucratique, le manque de clarté dans la gouvernance, l’absence de feuille de route numérique, et le repli sur soi de certains cercles organisateurs doivent nous pousser à poser les vraies questions :

  • Faut-il repenser la composition du comité organisateur ?
  • Comment intégrer la société civile, les médias indépendants, les professionnels du numérique dans une gouvernance ouverte et participative ?

Vers une refondation ou une lente érosion ?

Un festival ne meurt pas du jour au lendemain. Il s’effrite lentement, à coups d’erreurs répétées, de silences arrogants, et d’incapacité à écouter ses partenaires et son public. Pour que Mawazine continue à rayonner, il faudra plus que des concerts de stars : il faudra une nouvelle philosophie de gouvernance, transparente, critique et à l’écoute.

Car un festival, comme une nation, ne peut durer que s’il respecte l’intelligence de son peuple.

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