samedi, juin 21, 2025
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Walid Regragui face à la presse : entre quête de reconnaissance et appel à l’unité nationale

Lors d’une rencontre organisée par la Fédération Royale Marocaine de Football au complexe Mohammed VI à Salé, le sélectionneur national, Walid Regragui, a tenu un discours sans filtre, adressé directement à une partie des médias marocains. Il y a dénoncé un « manque d’équité » à son égard depuis sa nomination à la tête des Lions de l’Atlas, tout en lançant un appel à l’unité en vue de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations.

Mais cette sortie ne révèle-t-elle pas une crise plus profonde entre la presse sportive nationale et l’encadrement technique de l’équipe ? Faut-il y voir une simple réaction épidermique ou le symptôme d’un rapport déséquilibré entre performance, reconnaissance et narration médiatique au Maroc ?

Un palmarès minimisé ? Une mémoire sélective ?

Regragui s’interroge sur la manière dont ses performances sont perçues. Comment se fait-il qu’un entraîneur ayant conduit le Maroc à une demi-finale historique en Coupe du Monde 2022 – une première pour l’Afrique et le monde arabe – soit encore sous-estimé ?
Il compare cette sévérité à la clémence dont a bénéficié Hervé Renard en 2019, après l’élimination contre le Bénin. Deux poids, deux mesures ?

Mais peut-on exiger de la presse qu’elle oublie l’échec à la CAN 2023 au nom d’un exploit passé ? Et surtout, où se situe la limite entre critique constructive et remise en cause systématique ?

Le football, miroir des fractures médiatiques et sociales

En dénonçant un traitement inégal entre entraîneurs marocains et étrangers, Regragui ouvre un débat plus large : celui de la confiance dans les compétences nationales. Son discours interroge aussi la relation du Maroc avec ses propres talents, souvent scrutés avec suspicion, là où l’expertise étrangère semble bénéficier d’un crédit d’office.

Cette autocritique déguisée de la sphère médiatique nationale pose la question de la maturité du journalisme sportif marocain, et de sa capacité à conjuguer exigence, objectivité et patriotisme.

L’appel à la mobilisation générale pour la CAN 2025

Le sélectionneur rappelle que la quête du titre continental ne saurait être le fruit d’un seul homme ou d’un staff. Elle nécessite une mobilisation nationale, incluant médias, supporters, institutions, et société civile. Pourtant, derrière cet appel à l’union, le malaise reste palpable.

Peut-on réellement construire un élan national si une partie du discours médiatique reste clivée ou alimentée par des logiques sensationnalistes ? Et comment créer une synergie durable entre la presse et la sélection, sans tomber dans la complaisance ?

Les chiffres parlent : Regragui est-il vraiment un coach défensif ?

Avec 74 buts marqués en 37 matchs, une moyenne de 2 buts par match et une possession moyenne de 60 %, Regragui réfute l’étiquette de « coach défensif ».
Ces statistiques suffisent-elles à changer l’imaginaire collectif ? Ou faut-il réinventer la narration sportive au Maroc, en intégrant davantage d’analyses chiffrées, de données tactiques, et de pédagogie footballistique ?

Un manque de culture du succès au Maroc ?

Au-delà des critiques, c’est peut-être un manque de culture de la réussite durable qui est mis en lumière. La mémoire nationale semble parfois sélective, oubliant vite les exploits pour se focaliser sur les revers.
La comparaison avec les médias égyptiens, unis derrière leur sélection même dans la tourmente, met en évidence une fracture dans le récit médiatique marocain : faut-il attendre la victoire finale pour reconnaître la progression ?

Conclusion : vers un nouveau contrat moral entre presse et sélection ?

Le plaidoyer de Regragui ne se limite pas à sa propre défense : il interroge les fondements du journalisme sportif national, sa mission, ses biais, et sa contribution à l’élan collectif.
Faut-il revoir les règles du jeu ? Développer des partenariats plus intelligents entre médias et institutions sportives ? Instaurer des chartes de déontologie sportive plus exigeantes ?

Car au fond, ce n’est pas seulement de football qu’il est question, mais de reconnaissance, de fierté collective, et de capacité à croire, ensemble, en un projet national.

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