samedi, juin 21, 2025
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Coupe du Monde 2030 au Maroc : une vitrine de durabilité ou un pari risqué ?

Quand les promesses écologiques rencontrent les défis structurels

Dans un discours relayé en son nom lors d’un événement à l’Université Mohammed VI Polytechnique à Salé, Fouzi Lekjaa — ministre délégué au Budget et président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) — a affirmé que le Maroc s’engage à faire de la Coupe du Monde 2030 un modèle de durabilité environnementale et d’inclusion sociale.
Mais derrière ce discours prometteur, une série de questions s’impose :

Le Maroc est-il vraiment prêt à assumer une telle ambition écologique à grande échelle ?
Ou sommes-nous face à un discours séduisant en décalage avec les réalités de terrain ?

De la vision royale aux réalités opérationnelles : où en est le Maroc ?

Fouzi Lekjaa a présenté le projet comme une continuité de la vision du Roi Mohammed VI, qui place la durabilité au cœur des politiques publiques. Toutefois, selon plusieurs rapports — notamment ceux de la Banque mondiale et de l’UNESCO — le Maroc reste confronté à de graves défis environnementaux structurels :

  • Un taux de recyclage des déchets inférieur à 10 %, avec une majorité des ordures traitées dans des décharges non contrôlées.

  • Une pénurie d’eau croissante, aggravée par le changement climatique et une mauvaise gestion des ressources, plaçant le pays dans la liste des zones à fort stress hydrique à l’horizon 2030.

Transition énergétique : vers des stades solaires ou un mirage vert ?

Le discours de Lekjaa évoque des investissements massifs dans les énergies renouvelables pour alimenter les infrastructures sportives. Une idée en phase avec les objectifs marocains d’atteindre 52 % d’énergie verte d’ici 2030, selon l’agence MASEN.

Mais là encore, les questions demeurent :

Les stades et infrastructures seront-ils réellement construits selon des normes écologiques strictes ?
Y aura-t-il une transparence sur les budgets, les sources d’énergie et les émissions compensées ?

Une organisation tripartite… et ses complexités

La co-organisation avec l’Espagne et le Portugal est sans doute un atout diplomatique et stratégique. Mais elle soulève également des défis de coordination :

  • Quels critères seront harmonisés entre les trois pays ?

  • Comment éviter que les inégalités régionales au Maroc ne soient accentuées par un projet centré sur quelques villes hôtes ?

  • L’engagement d’ »inclure les régions non-hôtes », comme annoncé, sera-t-il réellement mis en œuvre ?

« Gouvernance intégrée » : concept novateur ou flou rhétorique ?

Lekjaa parle de « gouvernance intégrée » combinant financement carbone, savoir-faire local et participation inclusive. Mais le marché du carbone en Afrique du Nord reste embryonnaire. Selon le Carbon Pricing Dashboard de la Banque mondiale, le Maroc ne dispose pas encore d’un mécanisme structuré de tarification du carbone, rendant difficile l’opérationnalisation d’une telle approche.

En résumé : une ambition légitime, mais un test de crédibilité

Personne ne peut nier que faire de la Coupe du Monde 2030 un levier de transition écologique serait une réussite exceptionnelle pour le Maroc et l’Afrique. Mais pour y parvenir, il faudra :

  • Des engagements concrets, mesurables et audités publiquement

  • Une planification qui évite la centralisation excessive des bénéfices

  • Un ancrage fort dans les politiques climatiques nationales (NDC, SNDD)

  • Un dialogue transparent avec les citoyens et la société civile

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