À un moment délicat du développement du conflit régional autour du Sahara marocain, le Royaume-Uni a choisi d’annoncer une position avancée et claire, qualifiant la proposition marocaine d’autonomie de 2007 de « base la plus crédible, réaliste et pragmatique » pour parvenir à une solution durable.
#Sahara_marocain : Position exprimée par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, dans un Communiqué Conjoint signé à l’issue de la rencontre de M. Nasser Bourita avec son homologue britannique, M. David Lammy pic.twitter.com/XEN5QvAA6G
— Maroc Diplomatie 🇲🇦 (@MarocDiplomatie) June 1, 2025
Cette déclaration, contenue dans un communiqué conjoint signé à Rabat par le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, et le ministre d’État britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, dépasse la simple courtoisie diplomatique ; elle place Londres parmi les capitales aux positions explicites en faveur de la souveraineté marocaine, sans ambiguïté.
Sommes-nous face à une transformation réelle de la politique étrangère britannique ?
La question se pose aujourd’hui : S’agit-il d’un véritable changement dans la diplomatie britannique ou d’une stratégie calculée visant à renforcer l’influence économique et géopolitique post-Brexit au Maghreb ?
L’évocation du soutien de l’agence britannique de crédit à l’exportation à des projets dans les provinces du sud du Maroc, dans le cadre d’un engagement de 5 milliards de livres sterling, va au-delà de la logique du profit. C’est un acte politique qui équivaut à une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine, et une volonté d’ancrer un partenariat stratégique dans une région en pleine reconfiguration.
La dynamique royale et l’ascension du rôle marocain
Le communiqué n’a pas manqué de saluer « la dynamique positive actuelle sous la conduite du roi Mohammed VI », une formule politiquement chargée. Cette prise de position s’inscrit dans un élan diplomatique croissant en faveur du plan d’autonomie, soutenu par Washington, Berlin, Madrid et plusieurs pays africains et asiatiques.
Mais plus encore, le Royaume-Uni établit un lien entre le règlement du conflit et la stabilité de l’Afrique du Nord ainsi que l’intégration régionale, ce qui reflète une prise de conscience croissante du rôle central du Maroc dans la sécurité et le développement de la région, du Sahel à la Méditerranée.
Entre appui onusien et rapprochement bilatéral : un équilibre finement pesé
Bien que Londres soutienne clairement le plan d’autonomie, elle souligne aussi son attachement au processus dirigé par l’ONU, incarné par Staffan de Mistura. Une manière de ménager l’ensemble des acteurs internationaux tout en affirmant sa vision.
Mais là encore, des interrogations demeurent : La position britannique est-elle une tentative douce de peser sur le Conseil de sécurité ? Ou reflète-t-elle une conviction que le statu quo ne sert plus les intérêts occidentaux dans la région ?
Le Maroc, porte d’entrée vers l’Afrique : une lecture postcoloniale ?
Le fait de qualifier le Maroc de « passerelle majeure pour le développement social et économique de l’Afrique » est lourd de sens. C’est une reconnaissance stratégique de la profondeur africaine du Maroc, et une invitation à construire des partenariats triangulaires : Royaume-Uni – Maroc – Afrique.
Conclusion : Qu’est-ce qui a changé ? Et que peut-on encore attendre ?
Cette nouvelle position britannique, en cohérence avec les succès diplomatiques du Maroc, soulève des interrogations stratégiques :
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Allons-nous vers un bloc européen plus affirmé en faveur de l’autonomie ?
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Le Royaume-Uni jouera-t-il un rôle actif au sein du Conseil de sécurité pour sortir le dossier de son enlisement ?
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Cette dynamique entraînera-t-elle d’autres pays, comme la France, encore hésitante, ou la Russie, silencieuse mais attentive ?
En somme, le Maroc semble transformer ses avancées diplomatiques en acquis géostratégiques durables, avec calme et constance, dans un monde en quête de partenaires fiables et stables.