vendredi, juin 6, 2025
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Scandale des diplômes universitaires monnayés : Le Maroc à l’épreuve d’une remise en question de l’enseignement supérieur ?

L’enquête judiciaire ouverte au Maroc sur une affaire de falsification de diplômes universitaires contre paiement, impliquant un professeur à l’Université Ibn Zohr d’Agadir, a mis à nu une véritable crise éthique au sein d’un des piliers de l’État : l’université. Ce qui semblait au départ n’être qu’un acte isolé s’est transformé en affaire d’opinion publique, où s’entrecroisent pouvoir, argent et savoir. Sommes-nous face à un cas de corruption systémique dans l’enseignement supérieur, ou à une simple dérive individuelle ?

Un diplôme à vendre… et une légitimité factice

Le professeur mis en cause, actuellement en détention à la prison de Loudaya à Marrakech, est accusé d’avoir délivré des diplômes de master et de doctorat contre de fortes sommes d’argent. Des avocats, des fonctionnaires, des enfants de notables en auraient profité. Il ne s’agit plus ici de simple corruption administrative, mais d’un coup porté à la crédibilité même du diplôme universitaire marocain, désormais perçu comme une marchandise échangeable, au détriment du principe d’égalité des chances.

Mais ce professeur a-t-il agi seul ? Ou a-t-il bénéficié de la complicité, ou du silence, d’un système tolérant de telles pratiques ?

Argent public et justice sociale menacés

Selon les résultats de l’enquête, l’Organisation nationale pour la protection des deniers publics et de la transparence avait déposé plainte dès 2023, révélant l’existence d’un réseau de délivrance frauduleuse de diplômes. Des étudiants méritants auraient été écartés au profit de candidats fortunés ou influents. Cette situation remet en cause non seulement l’intégrité académique, mais aussi l’équité dans la gestion des ressources humaines de l’État.

Car si ces diplômes ont servi à obtenir des promotions ou des postes, cela implique un détournement indirect des finances publiques. Qui garantit aujourd’hui que l’administration fonctionne avec des compétences réelles ?

Quand l’université devient tremplin politique

L’affaire a également eu un écho politique, après la révélation que le professeur mis en cause était coordinateur local du Parti de l’Union Constitutionnelle à Agadir. Son affiliation a été gelée dès l’éclatement du scandale. Faut-il y voir une instrumentalisation de la position académique à des fins d’ascension politique ?

Ce croisement entre capital universitaire et ambitions politiques soulève des questions de fond sur l’indépendance de l’université et sur les dérives liées à l’opportunisme.

Vers une refonte du système d’attribution des diplômes ?

Cette affaire, traitée par la Cour d’appel de Marrakech, devrait être l’occasion d’un véritable tournant. Le Maroc est-il prêt à ouvrir un chantier national de réforme des critères d’accès au master et au doctorat ? Avons-nous des mécanismes de contrôle numériques transparents et fiables ?

Impossible de construire un modèle de développement basé sur la compétence sans un système universitaire rigoureux et incorruptible.

En conclusion…

Ce scandale dépasse le cadre d’un individu et de quelques bénéficiaires. C’est un signal d’alarme sur une réalité qui exige réforme. C’est aussi un test pour l’État : est-il vraiment engagé à assainir l’enseignement supérieur ?

La justice tranchera. Mais le pays osera-t-il aller au-delà du procès vers une réforme profonde et salutaire ?

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